Chapter 59
1638mots
2022-10-21 04:26
59
- Tu ne devrais pas être couché ? me demanda-t-elle sans même me jeter un regard.
- Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'en vais.
Je m'assis à côté d'elle et lui pris la main. Elle ne la rejeta pas et j'entrelaçai nos doigts quand elle posa sa tête sur mon épaule en soupirant. On resta immobile quelques instants.
- Excuse-moi d'avoir crier tout à l'heure, lui dis-je.
- Tu n'as pas à t'excuser. C'est moi, j'étais énervée et je n'aurais pas dû te parler comme ça…
Elle serra mes doigts et j'ai relevé la tête pour la regarder dans les yeux.
- Parle-moi s'il te plaît.

Elle souffla et à mon grand étonnement, elle me raconta toute l'histoire. Depuis son engueulade avec Mylène à la soirée d'il y a quelques semaines dont j'étais au courant, en passant par son mensonge lorsqu'elle s'était battues avec les trois gars, jusqu'à cet instant. Je n'ai pas ouvert la bouche même si j'avais envie de lui hurler dessus.
- Quand je suis sortie du lycée et que j'ai reconnu un des gars que j'avais frappé, j'ai su qu'ils étaient là pour se venger. Ce n'était plus la vengeance de Mylène, c'était celle des trois gars.
J'avais une folle envie de lui crier qu'elle n'était qu'une idiote inconsciente, mais je me suis résignée et j'ai opté pour la plaisanterie.
- En tout cas, c'est vraiment des abrutis. Devoir être six pour frapper une fille, ils devraient avoir honte…

- Tu m'en veux ? me demanda-t-elle après quelques secondes de silence.
- Beaucoup. Et je t'en voudrai encore très longtemps mais comme je suis trop amoureux de toi, je te pardonne.
Elle passa ses bras autour de moi ce qui m'arracha un gémissement de douleur. Elle se recula immédiatement.
- Pardon.
- C'est rien. J'ai deux côtes fêlées.
- C'est tout ? rit-elle, avant de se reprendre en faisant une grimace.
- Toi aussi ?
- J'en ai une de fêlée et une cassée.
- Ce n'est pas un concours, idiote ! ris-je à mon tour.
Je grimaçai aussi. Ça faisait mal de rigoler dit donc !
- Qu'est-ce que tu as eu à part ça ? demanda-t-elle.
- Huit points de suture à l'arcade, trois à la lèvre et mon œil gauche commence un peu à reprendre du service. Et toi ?
- Douze points dans la tête et cinq ici, dit-elle en montrant le pansement sur sa joue.
- Et ta main ? l'interrogeai-je en voyant un bandage autour de son poignet et de ses deux derniers doigts.
- Ça ? Ce n'est rien… répondit-elle en baissant les yeux.
- C'est de la décoration c'est ça ?
- Voilà ! sourit-elle. Non, j'ai une entorse à deux doigts.
- T'arrive à te faire des entorse aux doigts en te battant ? me moquai-je.
- Ferme-la ! C'est quand je suis tombée, je me suis mal rattrapée et ma tête a cogné le sol.
- Donc tes principales blessures sont parce que tu t'es cassé la gueule ?
Je rigolais difficilement et elle me frappa l'épaule, ce qui nous fit grogner tout les deux. Quelqu'un tapa à la porte avant d'entrer sans attendre la permission de Jess. C'était le médecin qui s'était occupé de moi. Je me suis donc fais engueuler mais il me laissa finalement rester puisque je n'avais aucunement l'intention de bouger. J'ai signé des papiers pour pouvoir sortir et j'ai attendu avec Jess qu'on vienne la chercher. Des flics nous ont posé de nombreuses questions auxquelles elle a répondu, ils ont prit la déposition de sa plainte et nous ont laissé.
On s'était allongé dans son lit pour discuter et sa mère est arrivée un quart d'heure plus tard. Elle a signé tout les papiers à son tour et on a quitté l'hôtipal avec Fabien et Kelly. Je crois bien qu'une pluie de questions menaçait de pointer le bout de son nez.
Tout le long du trajet en voiture, ma mère nous a tués de questions Flo et moi. J'ai donc raconté pour la troisième fois cette histoire complètement stupide. Et dire que tout avait commencé parce que j'avais osé boire du jus de fruit à une soirée, pour se terminer en bagarre générale.
Toutefois, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas battu comme ça, et je devais avouer que ça liberait. C'était cruel de dire ça après les avoir frappé, mais c'était la dure vérité. J'aimais me battre. J'aimais la sensation que ça procurait. L'adrénaline. La sensation de pouvoir. Je savais me battre. J'avais appris à parer les coups et à répliquer. Je savais où taper pour que ça fasse mal et pour que ça fasse moins mal. J'avais des réflexes qui me permettaient d'éviter la douleur. Je savais aussi gérer cette douleur. J'avais appris à en faire abstraction. À l'oublier pour continuer de frapper. Le problème venait un peu plus tard. Le lendemain par exemple. Une fois que tout les muscles étaient reposés et froids. Une fois les petites plaies et les plus grosses soignées comme il le fallait. Je le savais parfaitement puisque j'étais actuellement couchée sur le canapé, dans le salon de chez moi avec l'impossibilité de dormir.
J'étais dispensé de cours jusqu'à la fin de la semaine à cause de mes côtes principalement, et Flo a demandé un arrêt maladie pour son travail. Il en a obtenu un de dix jours. Il est donc rentré avec moi chez ma mère. Il ne voulait pas me laisser seule et ma mère non plus, alors il s'est imposé et a monopolisé mon lit. Je ne savais pas comment il avait réussit à s'endormir. C'était impossible pour moi. Le lit était trop petit et Flo prenait trop de place. Et à chaque fois que je bougeais, la douleur me rappelait à l'ordre.
J'avais dû fermer les yeux dans la nuit puisqu'il faisait maintenant jour et j'entendais des voix qui provenaient de la cuisine. Je me suis levée avec un petit gémissement de douleur. Mon frère et mon copain étaient en train de discuter et rigoler ensemble. J'avais dû rater un épisode à un moment donné. Il s'entendaient assez bien, mais pas à ce point.
- Bonjour petite sœur chérie.
- Bonjour mon amour.
- Bonjour… répondis-je suspicieusement en les regardant tour à tour.
Il y a quelque chose qui clochait, c'était certain. Mais ça me plaisait de les voir tout les deux, alors je n'allais pas m'en plaindre !
- Les bleus sur ton visage font très bien ressortir tes beaux yeux, déclara Flo. Tu le sais ça ?
Niveau flatterie, il devait être au maximum je crois…
- Merci ?
- Désolé, c'est tout ce que j'avais en stock, s'excusa-t-il en haussant les épaules.
Il me regardait avec un grand sourire et je lui rendis. Je me servis un café, embrassa Flo, fis un bisou sur la joue de mon frère et je m'installai à la table avec eux. Je les écoutais parler foot et jeux vidéos. Je comprenais maintenant pourquoi ils s'entendaient aussi bien. Toutefois, ce type de conversation de me plaisait pas plus que ça.
Je les ai laissé finir cette discussion plus que passionnante après avoir bu mon café et je suis allée me recoucher dans mon lit cette fois. J'ai fermé les yeux quelques instants avant que monsieur ne vienne me déranger.
- Je ne peux pas dormir tranquille dans mon lit ? lui demandai-je ironiquement.
- Non. Pourquoi tu as dormi sur le canapé ?
Il me fit signe de me pousser un peu pour venir à mes côtés.
- Tu prenais toute la place, rigolai-je. Et puis, je n'arrivais pas à être bien sans avoir mal.
- Tu me réveilleras la prochaine fois !
J'hochai la tête et il s'allongea près de moi, la tête au niveau de mon ventre. Il a soulevé mon tee-shirt pour m'embrasser près du nombril.
- Ça te fait mal ? chuchota-t-il.
- Non, lui souris-je.
- Je peux continuer alors ?
- Avec plaisir.
Je passais ma main dans ses cheveux et il continuait de m'embrasser le ventre provocant, comme d'habitude, des frissons de partout. Il adorait embrasser mon ventre. Mes cicatrices. Je n'avais plus honte de lui montrer mes blessures. Il les connaissait par cœur maintenant. Il les avait admirées tellement longtemps. Les avait embrassées tellement de fois.
- Jessie tu aurais… Merde. Désolé.
Fabien venait d'ouvrir la porte avant de la refermer à l'instant même.
- Tu peux entrer ! criai-je à mon frère.
- T'es sûre ?
- Oui oui.
Il nous regarda, allongés sur mon lit. J'avais rabattu mon tee-shirt mais je pense qu'il avait eu les temps de voir…
- Flo, tu peux sortir s'il te plaît ?
Le ton dans sa voix avait changé. Qu'est-ce qu'il allait se passer ? Je me suis assise sur le lit et Flo est sortit en prenant ses affaires pour aller à la douche. Mon frère s'installa à côté de moi et je pris la parole.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il a vu tes cicatrices ?
Je posai inconsciemment la main sur mon ventre et tout se bouscula dans ma tête. La discussion que je redoutais allait donc arriver maintenant.
- Oui il les a vues.
- Il sait ?
- Absolument tout.
- Ok.
Il se passa la main dans les cheveux et souffla. Il commençait déjà à s'énerver, c'était très mauvais signe. Je voulais le rassurer mais ça ne fit que l'énerver davantage.
- Je suis amoureuse de lui Fabien.
- Putain, il a quatre ans de plus que toi Jessie…
- On a déjà eu cette conversation et je ne veux pas en reparler. Je m'en fiche qu'il aie quatre ans de plus que moi, je l'aime.
- J'ai peur pour toi Jessie. J'ai peur qu'il te fasse du mal.