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Je lui caressai les cheveux et elle se réveilla. Elle posa son menton sur mon torse et me regarda en souriant.
- Pas trop mal à la tête ?
- Si.
- Et là ? dit-elle en m'appuyant sur les côtes.
- Aïe ! Mais t'es stupide ou quoi ? criai-je.
Pour toute réponse, elle a rit et m'a embrassé là où elle venait d'appuyer.
- Ça va mieux ? sourit-elle.
- Non, me renfrognai-je.
J'avais déjà mal à la tête et elle en rajoutait !
- Tu avais plutôt l'air en forme quand tu es rentré…
Elle grimpa sur moi pour m'embrasser dans le cou et les souvenirs de cette nuit me revinrent.
- Tu n'aurais pas profité de mon état d'ébriété hier soir par hasard ? lui demandai-je en ramenant son visage face au mien.
- Ce matin tu veux dire. Tu ne t'en souviens pas ?
- Si. Je me souviens que tu t'es très bien occupée de moi.
- Mmh.
Je pris sa tête entre mes mains pour glisser ma langue contre ses lèvres et la basculai pour me mettre sur elle. Je voulus l'embrasser mais ma tête tourna et j'attendis quelques secondes que la pièce se stabilise. Jess explosa de rire et m'embrassa sur la joue, avant de me pousser sur le côté pour se lever et s'habiller.
- Te fous pas de ma gueule. Ça fait mal. Et ça tourne, me lamentai-je.
- Lève-toi, va prendre un médicament. Et une douche au passage.
- Qu'est-ce tu veux me faire comprendre ?
- Que tu pus le whisky, avoua-t-elle en enfilant un tee-shirt.
- Charmant.
- Tu trouves ?
Elle rigola et se pencha sur moi pour m'embrasser rapidement avant de sortir de la chambre. Je voulu me rendormir mais ma tête me faisait trop mal. Il me fallait un médicament. J'enfilai difficilement mon pantalon d'hier et je m'arrêtai à la salle de bain pour voir à quoi je ressemblais. J'eus un mouvement de recule en me voyant devant le miroir. J'avais une coupure et un coquard à l'œil et ma mâchoire était toute bleue. Tout comme mon abdomen. Un bleu de la taille de mon poing – ou plutôt celui de mon père – colorait le tout avec une parfaite harmonie.
- Je vois que tu es aussi beau que ton frère ! s'exclama Max en me voyant arriver au salon.
- Oh oui ! répondis-je en le regardant.
Le dessus de son nez était ouvert et sa lèvre à lui aussi avait saigné.
- Sinon, vous avez fait quoi hier soir les gars ? demanda Jess.
- J'en ai aucune idée. Mais en tout cas, je sais ce que toi tu m'as fais ! lui souris-je.
Je reçu un coup de poing dans le bras. Comme si je n'étais pas assez assommé !
- C'est bon je plaisante. On a été dans un bar pas très loin, étant donné que j'avais froid et on s'est bourré la gueule. C'est tout.
- Vous vous êtes pas rebattus là-bas ? demanda Gaby.
- Je t'ai déjà dis non, répondit Max.
- Non on a seulement bu, confirma Flo. D'ailleurs, faudra qu'on aille les payer. Max les connait alors ils nous ont dit de repasser aujourd'hui pour payer ce qu'on avait bu…
- Ouais. En attendant, j'ai trop faim.
On est allé dans la cuisine et on a mangé tout ce qui était potable. Boire de l'alcool ça creusait beaucoup l'appétit.
- Tu ne m'as pas parlé de ce que vous avez dit avant que j'arrive hier soir, lança Max.
C'était vrai. En partant, on ne s'était pas adressé la parole. Seulement quand on a commencé à être bien entamé, on s'est raconté des conneries de toutes sortes, mais on a pas parlé de notre père. Deux filles étaient venues nous aborder mais on les avait rapidement renvoyé. Au passage elles nous avaient insulté et s'étaient foutu de notre gueule. Mais j'en avais entièrement rien à faire. Je n'allais pas foutre en l'air mon histoire avec Jess pour aller fourrer ma langue dans la bouche d'une de ces deux filles.
Je racontai don rapidement q'e j'avais vu notre père en début de journée et que je l'avais envoyé chier. Il a un peu pété un câble parce que je ne lui avais rien dis, mais sa colère – et la mienne par le même coup – s'est retournée contre Jess. Elle était partie lui parler sans même nous prévenir.
En résumé, cette soirée était merdique. Sauf la fin, bien sûr. Les bras de Jess était toujours le meilleur des réconforts.
Après avoir manger – ou plutôt, après m'être littéralement empiffré – je suis retourné au salon, où Gaby et Morgan jouaient à un jeu de société. Ma belle-sœur me prévint que Jess était à la douche alors je suis allé la rejoindre dans la salle de bain. Depuis peu, elle acceptait de temps en temps qu'on prenne notre douche ensemble, même si des fois – souvent – elle m'envoyait balader. Heureusement que la serrure de la salle de main de mon frère ne fermait plus. Je n'avais pas besoin de la forcer, comme pour chez moi. Je devrais peut-être penser à enlever la serrure de la salle de bain de mon appartement d'ailleurs. Ça serait plus simple. Beaucoup plus simple ! Je l'ai donc rejoint sous la douche et elle ne m'a pas mis dehors.
Le soir, Jess, Thibault, Pauline et moi sommes rentrés chez moi. Ils sont restés dormir dans la chambre qui était libre. Personne n'a reparlé de mon père. Tout le monde a fait comme s'il ne s'était rien passé, et c'était mieux ainsi.
Le lendemain matin, mardi, Jess est retournée au lycée et moi au travail. On avait mentit à sa mère en lui disant que Jess était malade. Comme elle ne ratait jamais les cours, elle n'a rien dit et en plus, elle a accepté qu'elle reste chez moi une semaine de plus, à la seule condition qu'on passe le week-end chez elle.
Mercredi midi, j'attendais Jess dans ma voiture devant le lycée. Il pleuvait un peu, mais il y avait tout de même pas mal de monde devant le bâtiment. Des filles riait et parlaient tout en s'abritant sous un parapluie, des petits groupes fumaient… Ça me faisait toujours un peu bizarre de me dire que Jess était encore au lycée. Elle était tellement mature que j'oubliais parfois qu'elle n'avait que dix-sept ans, mais son âge n'avait aucune importance pour moi. Je l'aimais, c'était tout ce qui comptait.
Je continuais de regarder ceux qui étaient devant le lycée quand je m'attardai sur un groupe de six gars. Eux, ils n'avaient pas l'âge d'être en terminale. Je reconnus Sam et Anthony, des mecs avec qui j'avais déjà passé quelques soirées. Un ou deux autres visages m'étaient aussi familiers même si je ne pouvais pas mettre de nom dessus. Qu'est-ce qu'ils faisaient devant le lycée ? À cette heure là, ce genre de gars étaient censés être endormis dans une marre de bière. Mais bon. Peu importe, s'ils n'ont que ça à faire…
Jess sortit du bâtiment et s'arrêta à quelques mètres de l'entrée pour finir sa discussion avec Mathilde et un gars que je n'avais jamais vu qui lui souriait. C'était qui lui ? Pourquoi il lui souriait comme ça ? Il lui fit la bise et embrassa Mathilde. Fausse alerte alors, c'était juste le copain de Mathilde. Il fallait vraiment que je me calme. Je devenais jaloux de chaque mec qui lui adressait la parole…
Jess dit au revoir à Mathilde et son regard se braqua sur le groupe de gars, qui s'était tourné vers elle. Elle laissa tomber son sac sur le trottoir et s'approcha rapidement d'eux. Qu'est-ce qu'elle faisait ? Elle les connaissait ? Un gars se sépara du groupe précipitamment et leva son poing en direction du visage de Jess, mais elle l'intercepta au vol et l'envoya à terre d'un coup de coude dans le nez. Du sang a jaillit sur le trottoir et le gars hurlait. Le reste du groupe s'avança vers Jess. Mais pourquoi je restais comme un con à la regarder se battre ? J'étais probablement trop surpris par la rapidité à laquelle Jess avait mis l'autre à terre pour réagir.
Le temps que je sorte de la voiture, ils s'étaient rassemblés autour d'elle et je ne la voyais plus. Je courus dans sa direction et sautai dans le tas. J'assenai un coup de poing dans le visage de je ne sais qui avant de tourner la tête dans tout les sens pour voir où était Jess. Je reçu un coup à l'œil et le sang coula sur mon visage. Ma blessure de ce week-end s'était rouverte mais je n'en avais rien à faire. Je frappai un autre gars au ventre avant de me retourner pour en frapper un autre je ne sais où. Les coups pleuvaient et j'en recevais de partout. Ils étaient beaucoup trop. On n'allait pas y arriver à deux.
Je reçu un énième coup dans le ventre et m'écroulai en toussant et en crachant du sang. Je commençai à voir trouble mais j'ai aperçu deux gars couchés par terre, probablement inconscients. D'autres étaient en train de les relever et ils se sont enfuis. Tout c'était passé à une vitesse infernale.
- Jess ? l'appelai-je.
Pas de réponse.
- Jess ?
Je tournai la tête pour la voir couchée sur le côté, la tête contre le béton, les yeux ouverts. Elle me regarda et ouvrit la bouche.
- Désolée… C'est ma faute…
- Chut. Tais-toi Bébé.
Elle se redressa péniblement pour s'asseoir. Je voulus me mettre debout mais ma jambe me lança ce qui me remit à terre. Je n'étais qu'à deux mètres d'elle et je me trainai donc près d'elle. Je pris son visage entre mes mains mais elle les rejeta pour inspecter le mien.
- Ça va ? me questionna-t-elle.
- Et toi, ça va ?