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- Ferme-là ! Tu n'as plus d'ordres à me donner ! Maintenant, casse-toi !
Il le lâcha et son père se tenait la gorge en toussant fortement. Je tirai doucement Flo par le bras et il se laissa faire. Je reculai tout en l'emmenant avec moi. Il avait le regard fixé sur son père et serrai les poings d'une telle force que je sentais les muscles de ses bras nus tressaillir.
Flo explosa lorsque son géniteur reprit la parole.
- Florian, je suis désolé pour tout ce…
- Désolé ? s'écria Flo en hurlant.
Il se dégagea de ma main pour revenir vers son père.
- Tu es désolé ?
- Oui je…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Flo lui asséna un coup de poing violent dans le visage. Néanmoins, pas assez violent pour empêcher son père de répliquer. Il s'en suivi le début d'une bagarre et je ne savais pas quoi faire. Je savais que Flo avait besoin de se libérer de la sorte mais le voir se faire frapper était insupportable. Je voulu avancer mais une main se posa sur mon épaule. Max secoua la tête pour me faire comprendre de laisser tomber et il se précipita vers les deux hommes. Il a tiré son père qui allait frapper une nouvelle fois Flo pour prendre la relève. J'étais figée. Qu'est-ce que je pouvais faire ?
- Les gars ? Oh merde ! s'exclama Thibault.
Il partait déjà pour aller aider Max et Flo mais je l'ai retenu.
- Laisse-les.
- Quoi ? Mais t'es dingue ! Ils sont en train de s'entretuer Jessie !
Je tournai la tête pour voir les deux frères qui frappaient leur père, sans relâche.
- Jessie !
- Aide-moi juste à les séparer alors, lui dis-je vaincue.
Il attrapa Max et le poussa hors d'atteinte de son père. J'essayai de faire de même avec Flo, mais il tenait son père trop fortement. Je me suis donc mise entre les deux hommes pendant que Thibault se débattait avec Max.
- Casse-toi Jess ! me lança Flo avec hargne. Je ne veux pas te faire de mal !
- Alors laisse tomber. Ça suffit maintenant.
Je posai mes mains sur son torse et le poussai, mais il ne lâcha pas son père. Ce dernier ne bougeait pas non plus d'ailleurs.
- J'ai dis : ça suffit Flo.
Il me regarda et regarda son père, envisageant les options possibles pour lui. Je portai ma main à sa joue pour essayer de lui faire reprendre raison.
- Flo… S'il te plait…
Il relâcha son père malgré son envie irrémédiable de l'égorger et je l'éloignai, le faisant marcher à reculons. Son regard était toujours fixé sur l'homme qui était maintenant à terre, et en sang.
- Ne revient jamais ! Plus jamais, c'est compris ! cria Max.
- Aller les gars, on rentre, ordonna Thibault.
Le père des garçons se releva et démarra la voiture en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Flo le regarda s'éloigner jusqu'à ce que les phares de la voiture disparaissent.
- Flo ?
Je l'appelais mais il ne semblait pas m'entendre. J'ai pris son visage entre mes mains pour qu'il me regarde. Ses yeux trouvèrent les miens et il se dégagea aussitôt pour s'éloigner de l'appartement. Je voulus le rejoindre mais Thibault m'a retenu.
- Laisse-le partir, il a besoin de prendre l'air.
Je regardai un peu partout autour de moi pour voir que Max avait aussi disparu. Pauline et Gaby étaient devant la porte. Tout était calme et silencieux.
- Viens, on rentre, me dit Thibault en me prenant la main.
Je le suivis à l'intérieur à contrecœur et m'asseyai sur le canapé, suivis des filles et de Thibault. Je serrai la main de celui-ci dans la mienne.
- Tu sais qui c'était ? voulu savoir mon ami.
- Tu ne l'a pas reconnu ? lui demandai-je en reprenant mes esprits.
- Vu dans l'état qu'il était, c'était compliqué. J'aurais dû ?
- C'était leur père.
- Leur père ? s'exclama Pauline. Mais qu'est-ce qu'il faisait là ?
- Il voulait les revoir, je suppose…
Mon regard se porta sur les téléphones de Max et Flo posés sur la table basse. Je ne pouvais donc pas les joindre, et ça m'inquiétait. J'espérais qu'ils ne croiseraient personne sur leur chemin pour que leur colère ne se déverse pas sur une tierce personne. Vu l'état dans lequel ils étaient, ils auraient été capable de tout.
Après deux heures passées devant un programme de télévision qui ne m'intéressait pas le moins du monde, je suis partie me coucher. Je n'avais pas l'intention de dormir mais je voulais être un peu seule. Je me suis changée et me suis allongée dans le lit, en attendant que Flo revienne. Je ne pourrai pas m'endormir avant.
Dans la nuit, je continuais de fixer le plafond quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Je regardai l'heure. Trois heure quarante sept. Deux voix résonnèrent dans l'appartement ainsi que des rires et la porte de la chambre s'ouvrit. J'allumai la lampe de chevet.
- Coucou Bébé, me salua Flo en souriant. Je pensais que tu serais en train de dormir.
Génial. Il était bourré. Et il avait vraiment une sale tête : un bleu sous l'œil gauche, l'arcade gauche ouverte et le côté droit de sa mâchoire était bleu.
Je me suis levée pour aller le voir et il enleva son tee-shirt. Je touchai ses côtes bleuies, sa peau était très froide. Quelle idée de sortir en tee-shirt en hiver !
- Tu es gelé. Viens te coucher, lui ordonnai-je.
- Et toi, tu es trop sexy.
Il me regardait avec envie. Pourtant je n'avais qu'un de ses tee-shirts, comme d'habitude mais l'alcool devait lui monter à la tête. Il commença à poser ses mains sur ma taille mais je le repoussai et fis glisser son pantalon de survêtement au sol.
- Mmh. Tu as autant envie que moi alors ! s'exclama-t-il en passant sa langue sur ses lèvres.
- Non. Je te déshabille pour que tu puisses aller dormir.
- Je ne veux pas dormir moi.
Il me fit son éternel sourire vicieux et passa ses mains sous mon tee-shirt. En temps normal, je n'aurais pas résisté, mais là, il était bourré, mal en point, et en colère.
- Pas touche, dis-je en repoussant sa main. Va dormir, on verra ça demain.
- Non aller. J'ai besoin de toi Bébé, me supplia-t-il. Je dois décompresser.
J'étais donc un moyen de décompression… J'allais mettre ça aussi sur le compte de l'alcool !
Il m'embrassa dans le cou mais je me reculai pour aller me glisser sous la couverture. Il me suivi et grimpa sur moi. Il releva mon tee-shirt pour m'embrasser le ventre.
- Flo, arrête, lui demandai-je en sentant ma respiration s'accélérer.
- J'adore embrasser ton ventre. Et t'embrasser partout, dit-il en continuant ses baisers pour remonter jusqu'à mon cou. Tu ne veux pas que j'arrête et tu peux pas me résister mon amour.
Je le poussai sur le côté pour me mettre sur lui et maintenir ses mains hors de portée de mon corps. Je ne pouvais pas réfléchir s'il avait ses mains sur moi.
- Tu ne veux pas de moi ? me demanda-t-il, un sourire innocent aux lèvres.
Il savait très bien ce qu'il faisait. Il se redressa d'un seul coup et passa mon tee-shirt au-dessus de ma tête. Il posa ses mains dans mon dos pour me rapprocher de lui et fit courir sa langue à la base de mon cou. Je m'agrippai à ses cheveux et poussai un petit gémissement, ce qui le fit sourire contre ma peau, parsemée de millions de petits frissons.
- J'ai tellement besoin de toi, souffla-t-il contre ma bouche.
Son haleine était chargée d'une forte odeur de whisky. Je ne devrais pas, mais comme il l'avait dit, je ne pouvais pas lui résister. C'était impossible.
Il continuait d'embrasser mon cou, désespérément.
- S'il te plaît Jessica. J'ai besoin de ton corps contre le mien. J'ai besoin de sentir ton odeur. Après tout ce qu'il vient de se passer, j'ai besoin de goûter tes lèvres. J'ai besoin de…
- Chut… Laisse-moi faire.
Douleur. C'était tout ce que je sentais dans ma tête. De plus, ma bouche était pâteuse et un arrière goût d'alcool me brûlait la gorge. Je m'étais vraiment pris une grosse cuite hier soir !
J'ai ouvris les yeux et le peu de lumière qui filtrait à travers les volets m'agressa la rétine. Pourtant, je me forçai à les garder ouvert. Jess était à moitié couchée sur moi et la couverture lui arrivant à la taille me laissait voir qu'elle était nue. Je ne me souvenais pas encore des détails, mais visiblement, Jess m'avait tenu compagnie.
Je lui caressai les cheveux et elle se réveilla. Elle posa son menton sur mon torse et me regarda en souriant.
- Pas trop mal à la tête ?