Chapter 52
2317mots
2022-10-21 04:22
52
- Bon, tu vas me répondre ? demandai-je à Jess quand elle entra dans la chambre.
- Te répondre à quoi ? rétorqua-t-elle innocement.

J'étais dans le lit et elle venait de se changer pour dormir. Elle détacha ses cheveux relevés en chignon et s'installa près de moi.
- Elle sort d'où cette phrase que tu as fais graver sur ma gourmette ?
- Réfléchis.
- Donc je l'ai bien vu quelque part ?
- Oui, affirme-t-elle en souriant. Et tu l'as même entendue !
Là, je ne comprenais plus…

- Entendue ? répétai-je peu sûr de moi.
- Oui.
- Dis-moi ! insistai-je.
J'ai enfoui ma tête dans l'oreiller et elle m'embrassa sur la nuque. J'ai sentis qu'elle se levait du lit alors je tournai la tête pour voir où elle allait, et elle se dirigeait vers ma chaine Hi-Fi. Elle cherchait quelque chose. Elle me tendit le boitier d'un CD en revenant sur le lit. Je me relevai pour m'asseoir, curieux. Je pris le boitier et l'ouvrit. Il était vide, qu'est-ce qu'elle voulait que j'en fasse ? Je regardai la couverture et j'ai remarqué que c'était un disque de Scorpion. Je le retournai pour lire les titres derrière. Je sentais le regard de Jess sur moi et mon cerveau s'est réveillé quand j'ai vu qu'un des titres était '' Still loving you ''. Mais bien sûr ! Quel con ! Elle passait ce disque en boucle tout les jours.

- Je savais que cette phrase ne m'était pas inconnue, dis-je à Jess en la regardant. Tu n'aurais pas pu me le dire, non ?
- Ça ne te fait pas de mal de réfléchir un peu de temps en temps ! rit-elle.
- Je ne te permet pas !
- Ce n'est pas grave, je me le permet toute seule.
J'ai déposé le boitier sur la table de nuit et elle a grimpé sur mes genoux, enroulant ses bras autour de mon cou.
- Ton cadeau d'hier soir était le plus beau que tu aurais pu me faire, lui avouai-je en caressant sa lèvre inférieure avec mon pouce.
- Je te l'ai offert tout à l'heure, répondit-elle étonnée.
- Je ne parle pas de ça, même si je l'adore, lui dis-je en lui montrant mon poignet.
Elle baissa les yeux sur mon torse mais je pris son visage dans mes mains pour qu'elle me regarde. Elle me fixa quelques instants en silence. Ses joues commençaient à rougir et mon corps à s'embraser. J'avais besoin de l'entendre à nouveau. Je voulais qu'elle me répète ces mots encore et encore.
Je fus surpris qu'elle réponde à mon souhait informulé en disant beaucoup plus que ce que j'espérais.
- Merci. Merci d'être là pour moi et de m'aimer. Merci de ne pas m'avoir abandonnée. C'est pour ça que je suis tombée amoureuse de toi. Ce que tu ressens pour moi, je le ressens pour toi depuis longtemps déjà, mais je n'arrivais pas à te le dire. Je t'aime Flo. Je t'aime tellement.
- Je t'aime Jessica, lui soufflai-je avant de la prendre dans mes bras.
Ce Noël était le meilleur que j'avais passé en vingt et un ans. Elle m'avait enfin dit tout ce que j'avais espérer depuis le premier jour où j'avais croisé son regard.
C'était la semaine de la rentrée, juste après les fêtes. Après ces vacances parfaites, j'étais de retour dans la salle de classe. Moi qui croyais que le temps s'était arrêté…
Après un Noël – presque – parfait, bousculé un peu par la présence de mon père, on a passé le jour de l'an avec les amis de Flo. Thibault, JB, Kevin et d'autres que je connaissais vaguement. Max était repartit quelques jours après Noël pour passer cette fête avec ses amis. Cette soirée était plutôt pas mal. Les gars avaient loué une salle des fêtes et on devait être une cinquantaine de personnes. Il y avait beaucoup à manger mais surtout à boire, mais je n'avais pas beaucoup bu pour éviter de péter un câble, alors que Flo ne s'était pas privé.
Pendant cette soirée, je n'étais pas beaucoup vers Flo. Je suis restée avec Pauline la plupart du temps. On avait pas mal parlé, comme à chaque fois qu'on était ensemble, je l'appréciais beaucoup. J'avais rencontré ses amies, qui étaient sympas elles-aussi. Depuis que j'avais rencontré Flo, je me sociabilisais de plus en plus, ça changeait d'avoir quelques amis pour une fois.
À une heure assez avancée, plusieurs personnes commençaient déjà à être bourrées. Quelques-uns étaient endormis dans un coin, mais la plupart dansaient et buvaient en riant. Flo avait voulu me faire danser plusieurs fois, mais je n'avais pas cédé. Après sa troisième tentative, qui fut un échec, il avait déclaré que si je ne venais pas danser avec lui, il irait avec une autre fille. Je lui avais dis de bien s'amuser, et je le pensais vraiment. Il était donc allé sur la piste, accompagné d'une fille, Mélanie, je crois. Une jolie brune qui se déhanchait contre lui. J'étais un peu – beaucoup – jalouse, évidemment, mais je n'ai pas voulu lui faire une crise, surtout parce que c'est moi qui lui avais dis d'y aller. Le reste de la soirée s'était déroulée sans encombres. Tout comme la matinée et le début d'après-midi, puisque tous tombaient les uns après les autres. J'ai finis par m'endormir vers dix heure du matin, contre Flo qui ronflait depuis quelques temps déjà.
Après les vacances, ma mère avait accepté que je reste chez Flo. Enfin, chez moi comme disait Flo. D'ailleurs, j'avais été si gênée quand il m'avait donné la clé que je n'avais pas su quoi dire. Il m'en passait une chaque week-end mais je la lui rendais toujours. Celle qu'il m'avait offerte était suspendue à mon porte-clés, avec celles de chez moi, et je m'en servais pour entrer chez lui, comme si c'était chez moi. C'était étrange, mais j'avais vraiment envie de m'y habituer.
Je sortais du lycée avec Mathilde après le dernier cours de la matinée. D'habitude, Flo venait me chercher pour aller manger chez lui mais de temps en temps, je restais avec mon amie. On avait été manger à la pizzeria qui se trouvait à cinq minutes du lycée.
- Donc tu habites chez ton copain maintenant ? me demanda Mathilde.
- Plus ou moins en fait.
- Comment ça plus ou moins ?
- Et bien, officiellement, je suis toujours chez ma mère mais en ce moment je dors chez lui.
- Je suis contente pour toi, me dit-elle avec un sourire sincère.
- Merci, lui souris-je à mon tour.
On a discuté tout en mangeant et en riant. Vers treize heure, on est reparti vers le lycée mais en tournant à l'angle de la pizzeria, trois gars nous ont arrêtées.
- C'est toi Jessica ? m'interrogea celui du milieu.
- Oui pourquoi ?
- J'ai à te parler.
J'ai sentis dans sa façon de s'exprimer qu'il ne voulait pas se contenter de discuter. Comme je ne voulais pas impliquer Mathilde, je lui ai dis de partir sans moi et que je la rejoindrais plus tard. Elle m'a fait un petit sourire mais elle paraissait tout de même inquiète. Toutefois, elle me fit un petit signe de la main et disparu de mon champ de vision. Je regardai les trois gars et le visage de celui de gauche ne m'était pas inconnu.
- Viens, me dit celui de droite.
- Où ça ?
Pour toute réponse, il me prit durement par le bras. Je me suis laissée faire parce que je savais très bien que je pourrais me défendre en cas de besoin. On a marché quelques secondes et il m'a poussée dans une petite ruelle. Vu l'état de celle-ci, il n'y a pas grand monde qui devait passer par ici. Je me suis retournée, mais dès que je les ai eu dans mon champ de vision, le poing de celui qui me tenait il y a quelques instants s'est levé en direction de ma figure. Je me suis reculée par réflexe et sa main a atterrit lourdement dans le mur. Tout compte fait, les deux mois que j'avais passé en enfer me servaient un peu.
Le gars avait crié de douleur, la main en sang. Je crois bien que ses doigts s'étaient brisés vu le bruit qui s'était fait entendre. Les deux autres avaient voulu m'attraper mais j'en frappai un dans le nez, après avoir poussé l'autre violemment par terre.
Je tournai la tête pour regarder si je pouvais m'échapper mais c'était impossible. Je n'ai pas pu éviter le poing qui cogna durement ma mâchoire et un goût de sang envahit ma bouche.
Ils allaient me le payer. J'avais un peu mal mais je m'en fichais : ils s'en prenaient à moi sans aucune raison apparente et ça me mettait hors de moi. Je crachai un peu de sang et fis abstraction de ma douleur pour faire face à ses abrutis. Ils ne bougeaient pas et me regardaient. Ils envisageaient probablement les solutions qui s'offraient à eux.
L'un des trois avait le nez qui pissait le sang, le deuxième se tenait la main dont les phalanges étaient à vif et le dernier avait l'air plutôt bien. Ça devait être celui que j'avais poussé. Les deux premiers avaient quand même l'air de souffrir un minimum contrairement à lui.
- Toi je t'ai déjà vu, dis-je en montrant d'un signe de tête celui qui se tenait la main. Tu étais à la soirée du nouvel an. Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Simple vengeance personnelle. Chopez-la, ordonna celui qui saignait du nez.
Un des deux autre voulu me prendre le bras droit et je lui retournai le sien qui craqua puis je le poussai contre le mur et sa tête tapa contre la pierre. Je balançai mon coude dans le visage de l'autre et le frappa dans les côtes. Il tomba à genoux à terre en se tenant le ventre et je lui donnai un coup de pied dans le menton. Il s'étala sur le béton de tout son long. Je me tournai vers l'autre qui devait être assommé puisqu'il était allongé immobile sur le trottoir. Du sang coulait de ses cheveux sur sa joue. J'y étais peut-être allée un peu fort. Ou pas.
Je me tournai vers celui qui avait donné l'ordre aux deux autres. Il était resté debout et me regardait étonné, la bouche ouverte. J'avais dû le surprendre. Tant mieux, il ne fallait pas me sous-estimer. Je m'essuyai la bouche du revers de la main et crachai à nouveau du sang par terre.
- Soit tu me réponds, soit je te mets à genoux toi aussi. Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Je t'ai dis que c'était une vengeance.
Il s'était ressaisi et avait reprit un peu d'assurance. J'allais lui faire ravaler son orgueil s'il ne répondait pas à mes questions.
- De quelle vengeance tu me parles ? Je ne te connais pas. Lui par contre je l'ai déjà vu, dis-je en désignant celui qui se relevait péniblement en se tenant les côtes. Vous êtes des potes de Flo ?
- Ferme ta gueule, me répondit-il.
Il a voulu me frapper mais je l'ai attrapé par la gorge et l'ai plaqué contre le mur pendant que l'autre se relevait pour s'enfuir en aidant celui qui reprenait peu à peu connaissance.
- Tu es qui ? soufflai-je au visage de celui que je tenais.
J'avais une folle envie de l'empêcher de respirer mais il fallait que je sache. Je desserrai un peu mon étreinte, voyant qu'il pouvait à peine respirer.
- Lâche-moi salope… articula-t-il difficilement.
Il tenait mes mains qui serraient sa gorge pour faire en sorte que je le lâche, mais je ne cédai pas. Il avait de la force, mais pas assez. De plus, j'étais tellement en colère que je n'avais pas l'intention de le laisser partir de si tôt.
- Réponds-moi !
J'avais crié et l'avais légèrement décalé du mur pour le repousser violemment, lui cognant la tête au passage, ce qui lui fit pousser un gémissement de douleur. Il n'avait pas l'air de vouloir répondre. Je devais opter pour une autre sorte de persuasion. Je libérai ma main gauche de sa gorge et la posai sur son entrejambe.
- Réponds-moi ou tu pourras dire adieu à ta descendance, lui dis-je, un petit sourire sadique sur le visage.
- Va te faire foutre.
Il croyait certainement que je bluffais. C'était trop mignon. Je resserrai ma main gauche doucement pour lui prouver qu'il avait tort. Il fit une grimace, et je lui ordonnai de parler. Il n'ouvrit pas la bouche alors je serrai un peu plus.
- Ok ! Ok ! Arrête c'est bon ! STOP !
Je le lâchai mais tenait toujours sa gorge. Il essayai de prendre son souffle.
- Mylène.
- Quoi Mylène ?
- C'est elle qui nous a dit de venir.
- Elle vous a envoyée pour se venger de la dernière fois ?
Il déglutit difficilement et hocha la tête.
- Elle n'a pas supporté que tu l'humilies comme ça à la soirée. Elle t'avais promis qu'elle se vengerait. Maintenant lâche-moi. Je me casse et tu me reverras plus.
Il parlait vite et avait l'air d'avoir peur. Je savais que je pouvais avoir l'air d'une folle dans des moments comme celui-là. Même Flo me l'avait dit le jour où j'avais menacé Mylène, mais là, je me fichais de l'allure que je devais avoir. Je voulais lui faire peur, lui montrer que personne ne pouvait s'en prendre à moi sans en payer les conséquences.
- Elle a envoyé ses larbins pour faire le sale boulot ?
J'étais rouge de colère et lui ne pouvait presque plus respirer. Je le relâchai d'un coup et il s'écroula à quatre pattes sur le sol en crachant ses poumons.
- J'ai juste… Fais ce que… Ce qu'elle m'a demandé…