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Mes phrases n'étaient que des chuchotements et je me perdais dans l'océan qu'était ses yeux. Pendant ce temps, lui, il ne bougeait pas. Réagis ! Dis quelque chose. N'importe quoi… Mon souhait ne se réalisa pas, mais il me prit dans ses bras. Le contact de ses bras musclés autour de moi m'avait aussi manqué. Comme tout le reste de lui.
J'ai sentis une présence dans la chambre donc je me suis décalée pour voir Thibault avec un sourire allant d'une oreille à l'autre.
- Là aussi tu vas me dire que vous n'êtes plus ensemble chérie ?
- Ça ne te regarde pas, répondit Flo à ma place. Et depuis quand tu l'appelles « chérie « ?
- Vous êtes trop mignon, se moqua-t-il. Votre discussion aussi l'était, je suis content pour vous deux ! Maintenant je peux te prendre un tee-shirt ?
- Ouais, sers-toi, grogna Flo. Et au passage, rentre chez toi.
- Seulement demain mon gros !
Il sortit en claquant la porte et je restais bouche-bée.
- Il a écouté notre conversation ?
- On dirait. Tu aurais peut-être dû refermer la porte derrière toi, rigola Flo en m'embrassant sur la joue.
Je soupirai en rougissant. Il me rassura en me disant que ce n'était pas grave, que ce n'était que Thibault. Je n'étais pas du même avis…
- Tu pourrais me ramener s'il te plaît ? lui demandai-je pour changer de sujet.
- Non. Je te kidnappe, me sourit-il en m'allongeant de nouveau.
Il posa sa tête sur moi, juste là où était mon bleu. J'ai donc eut un mouvement de recule qu'il a remarqué.
- Je t'ai fais mal ? s'inquiéta-t-il en relevant la tête.
- Ce n'est rien. J'ai… J'ai seulement un bleu sur les côtes.
Il posa sa main où il avait sa tête il y a quelques secondes et s'excusa, avant de s'allonger près de moi, un bras posé sur mon ventre.
- Reste cette nuit.
Je secouai la tête.
- Mon frère et ma mère vont m'égorger.
- Mais même si tu rentres ils vont t'égorger.
- Pas faux… marmonnai-je.
- Et bien, tu peux rester alors, plaisanta-t-il avant de se raviser. Non, je te ramène, sinon c'est moi qui vais me faire découper en morceaux par ton frère.
Il s'est levé d'un bon ce qui m'a fait rire.
- Ça fait plaisir merci ! lui répondis-je d'un ton faussement indigné. Aurais-tu peur de mon frère ?
- Je ne sais pas de quoi peut être capable un grand frère en colère !
Il m'embrassa rapidement et s'est levé pour s'habiller. Le trajet du retour fut assez silencieux. On écoutait un de mes disques de Scorpion que j'avais laissé dans le lecteur de sa voiture. Arrivé en bas de chez moi, il a voulut m'accompagner en haut et j'ai tout de suite accepté. Vu son air étonné, je pense qu'il s'attendait à devoir insister, mais je ne lui en ai pas donné l'occasion.
Devant ma porte d'entrée, j'ai eu un moment d'hésitation :
- Tu es sûr ?
- Certain, répondit-il en m'embrassant doucement.
A peine avais-je ouvert la porte que Fabien me serra dans ses bras.
- Jessie ! Tu m'as fais peur ! Ne recommences plus jamais c'est compris ?
- Oui oui c'est bon.
Il prit mon visage entre ses mains et me demanda si ça me faisait mal. Je lui ai répondu que non et je l'ai fais reculer pour fermer la porte derrière Flo. Quand mon frère le vit, il se contente de lui serrer la main, de le remercier, et de lui demander ce qu'il faisait là. Il n'eut pas le temps de répondre puisque ma mère arriva dans l'entrée.
- Ma chérie ! Comment tu vas ?
- Ça va maman. On peut aller au salon ?
Elle acquiesça et regarda Flo d'un drôle d'air. J'en déduisis donc que Fabien ne lui avait pas tout dit. Je me suis assise sur le canapé, Flo à mes côtés.
- Maman, je suis désolée pour hier soir. Je… J'avais besoin de prendre un peu l'air.
- Mais…
- Oui je sais j'aurais pu répondre au téléphone et te prévenir mais je l'avais mis en silencieux. Je n'avais pas vu. Je suis désolée. Je ne recommencerai pas. On n'en parle plus. D'accord ?
- D'accord, se résigna-t-elle en soufflant.
Elle avait déjà dû en parler avec mon frère. Puis son regard passa de moi à Flo, qui n'avait pas encore prononcé un mot.
- Maman, je te présente Flo. Mon copain.
Jess venait de dire à sa mère que j'étais son copain. Vu la réaction de Fabien la dernière fois, je m'attendais au pire avec cette dame. Son regard alterna entre sa fille et moi.
- Ton copain ? Tu as un copain ?
Visiblement, elle n'en revenait pas.
- Oui.
- C'est donc chez toi que ma fille est allée hier soir ? me demanda-t-elle.
- Oui madame. Je n'ai pas voulu la ramener hier soir, elle était… beaucoup trop fatiguée.
Si Fabien n'avait pas parlé de moi, je ne savais pas ce qu'il avait dit à sa mère à propos de Jess.
- Oui, mon fils me l'a dit hier soir. Une chute dans les escaliers n'aide pas trop en général.
Je jetai à coup d'œil à Fabien et il haussa les épaules. Une chute dans les escaliers ? Il aurait tout de même pu trouver une excuse un peu plus plausible.
- Oui, c'est vrai, répondis-je néanmoins.
- Et donc… Depuis quand sors-tu avec ma fille ? Elle ne m'a jamais parlé de toi.
Je tournai la tête vers Jess dont les yeux semblaient me dire « Trouves quelque chose à dire et démerde-toi « . Quelle chance !
- Quelques jours.
- Bon ! conclut Jess. Flo doit y aller. Il travaille tôt demain alors il…
- Oh c'est vrai ? Tu ne veux pas rester manger avec nous ? me demanda sa mère. Je n'ai encore rien préparé.
- Ah d'accord. Et bien si ça ne vous dérange pas, moi ça me va. Je ne prends qu'à dix heure demain matin, dis-je en faisant mon plus beau sourire.
Ça s'était bien passé tout compte fait. Je tournai la tête la tête vers Jess et… Ah non. Son regard m'intima de revenir sur ce que je venais de dire, mais je ne l'ai pas fais. J'étais donc en train d'envisager, dans un futur très proche, mon potentiel décès.
- Tu nous appelles quand c'est prêt alors, lâcha-t-elle froidement.
- Dans deux heures à peu près, nous sourit sa mère.
Jess se leva et partit dans le couloir. Je la suivis jusqu'à une porte au fond du couloir, à droite. L'intérieur de la pièce était assez neutre. Un lit une place, un bureau, une armoire et une étagère pleine de livre. Je découvrais enfin sa chambre, mais ça ne m'aidait pas à en savoir beaucoup plus sur elle pour l'instant. Il n'y avait pas grand-chose de personnel dans cette pièce.
La porte claqua dans mon dos et je me tournai pour découvrir ma petite-amie furieuse. Pourtant je lui ai souris.
- Je vais te tuer. Tu le sais ?
- Évidement.
- Arrête avec ce sourire, m'ordonna-t-elle.
J'avançai près d'elle.
- Pourquoi ?
- Parce que.