26
- Déjà finis ? C'était rapide !
- Ta gueule Thibault, répliqua Flo.
Je m'installai au bar et Flo me servit des restes de pizza. Il y avait des restes de pizza ? Je le questionnai à ce propos et il m'expliqua qu'il était avec les gars avant que je ne débarque hier soir. Je m'excusai donc d'avoir interrompu une petite soirée entre mecs.
On mangeait en silence quand Thibault se leva.
- Bon, je vois que je dérange alors je vais aller dans la chambre. Content de te revoir Jessie !
- Tu peux rester tu sais, lui dis-je en espérant qu'il ne me laisserait pas seule avec Flo.
- Non. Flo est en train de me jeter des regards assassins et figure toi que je ne veux pas mourir, rit-il en prenant un morceau de pizza avant de disparaitre dans l'autre chambre.
Même une fois son ami partit, Flo ne décrocha pas un mot. Après mangé, j'ai pris mon téléphone pour parler à Fabien. Il décrocha directement et je lui assurais que j'allais bien et que j'allais bientôt rentrer. En allant me laver, j'ai découvert un énorme bleu sur mes côtes, du côté gauche. Pas étonnant que ça me faisait mal… J'enfilai mes vêtements qui étaient maintenant secs et Thibault était toujours là quand je suis sortie. Je me suis installée sur le canapé près de lui.
- Tu as une meilleure tête que tout à l'heure, m'informa-t-il en mettant le jeu sur pause.
- Merci ?
Il rigola doucement et reprit sérieusement.
- Tu vas bien ?
- Je pense.
- Je croyais que Flo et toi n'étiez plus ensemble. Enfin, c'est ce qu'il m'a dit la semaine dernière.
- On n'est plus ensemble.
- Mais bien sûr. Je vous ai vu tout à l'heure je te rappelle ! me rappela-t-il.
Inconsciemment, je me suis mise à rougir et j'ai esquivé son regard.
- Oui, mais ce n'est pas ce que tu crois.
- C'est ce qu'on dit toujours ! Enfin, vous faites ce que vous voulez, ensemble ou pas, dit-il en me faisant un clin d'œil.
Je n'ai pas répondu et me suis contentée d'un sourire.
- Tu sais, Flo il n'a pas l'air bien depuis plusieurs jours. Je ne l'avais jamais vu comme ça après une rupture. Il était vraiment mal. Et toi aussi, d'après ce que j'en ai vu hier soir.
- Hier soir ce n'était pas…
- Tu n'as pas à te justifier avec moi, me coupa-t-il gentiment. Je te dis juste ce que j'en pense, c'est tout.
- Euh… Ok.
- Tu as l'air d'être une fille bien d'après ce que j'ai vu de toi, trop bien pour Flo même. Lui, c'est un connard avec les filles. Un vrai crétin je te jure. Mais avec toi… Je ne sais pas. Je crois que tu l'as changé. J'ai même l'impression que tu l'as rendu accroc à toi. Sans même t'en rendre compte.
- Je ne pense pas, lui souris-je. Mais je te remercie pour cette analyse digne d'un profiler.
- Ce fut un plaisir chérie, dit-il avec un grand sourire.
Je rigolai avant de lui demander, peu sûre de moi :
- Est-ce que Flo t'a parlé de moi ?
- Ouais.
- Tu ne voudrais pas me dire ce qu'il t'a dit ?
- Bien sûr que non ! s'exclama-t-il en souriant.
- C'est ce que je pensais, soupirai-je.
C'était son ami, il n'allait évidement pas me répondre. Mais je l'aimais bien.
- Alors pourquoi tu m'as demandé ? rigola Thibault.
- On ne sait jamais, répondis-je en haussant les épaules.
- Bon, je t'ai assez vue. Vas le voir, lui faire un gros bisou et tout ce que tu veux d'autre, m'ordonna-t-il en riant. J'ai une partie un gagner.
Je me levai et le remerciai malgré ses paroles quelque peu déplacées. Je l'entendis rire en allant dans la chambre de Flo, où il était en train de dormir. Il avait vraiment un corps magnifique. Je me suis assise sur le lit pour continuer à le regarder silencieusement et réfléchir. Je ne savais plus quoi faire.
- Tu vas m'admirer encore longtemps ? me demanda-t-il, me coupant de toute réflexion possible.
- Pourquoi pas.
- Tu ne voudrais pas plutôt m'embrasser ?
- Pardon ? m'exclamai-je, pas certaine d'avoir bien compris.
- Tu m'as très bien entendu.
Il ramena son bras sur ses yeux en soufflant et mon regard se dirigea immédiatement sur ses lèvres. Je voulais l'embrasser. Pourquoi est-ce que je voulais l'embrasser ? Je lui avais dis de dégager, de sortir de ma vie. Qu'est-ce qui me prenait ? Tant pis, j'en avais envie. Je me poserai des questions plus tard.
Je me penchai vers lui pour poser mes lèvres sur les siennes. Il a d'abord eut un petit mouvement de recule, puis j'ai sentis sa main se poser sur ma nuque. Ses doigts s'emmêlaient dans mes cheveux mouillés. Je sentais les pulsations rapides de son cœur sous la paume de ma main. J'avais l'impression que ça faisait une éternité que je n'avais pas sentis la chaleur de ses lèvres sur les miennes et le goût mentholé de sa langue qui s'enroulait autour de la mienne. Il m'avait tellement manqué.
Il m'a basculée sur le lit. Je me suis retrouvée sous lui et j'ai dû réprimer un gémissement de douleur à cause de mes côtes Il m'écrasait de tout son poids, mais je m'en fichais. Je me sentais bien. Terriblement bien. Toutefois, je l'ai doucement repoussé au bout de plusieurs longues minutes, ou peut-être des heures, je n'en savais rien. J'avais complètement perdu la notion du temps, et toute autre notion aussi. J'ai plongé mon regard dans le bleu infini de ses yeux et je n'ai pas réussis à articuler un seul mot. Il a parlé le premier, d'une voix douce qui me semblait pourtant désespérée.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas, répondis-je honnêtement.
- Jess… soupira-t-il en fermant les yeux.
- C'est vrai. Tout ce que je sais, c'est que j'avais envie de t'embrasser. C'est tout.
Il se redressa pour s'asseoir près de moi et je fis de même.
- C'est tout ? Comment ça c'est tout ? Tu acceptes qu'on sorte ensemble, tu m'envoies chier, tu ne m'adresses plus la parole, tu débarques chez moi complètement défoncée, et pour finir, tu m'embrasses. Je ne dis pas que je n'ai pas aimé ce baiser. Au contraire, c'était… Bref. Là n'est pas la question. Je veux comprendre.
Il avait l'air perdu et confus. A cause du baiser et de ma réponse, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Moi-même je ne comprenais pas.
- Dis-moi seulement ce que tu veux Jess. Dis-le moi. Clairement.
Je me suis accordée vingt secondes pour réfléchir et remettre mes idées en ordre. Mais je n'y arrivais pas à cause de son regard déstabilisant accroché au mien. Alors j'ai murmuré le seul mot qui résonnait dans ma tête.
- Toi.
- Quoi moi ?
- Tu m'as demandé ce que je voulais. C'est toi que je veux.
Mes phrases n'étaient que des chuchotements et je me perdais dans l'océan qu'était ses yeux. Pendant ce temps, lui, il ne bougeait pas. Réagis ! Dis quelque chose. N'importe quoi… Mon souhait ne se réalisa pas, mais il me prit dans ses bras. Le contact de ses bras musclés autour de moi m'avait aussi manqué. Comme tout le reste de lui.