25
te fout pas de ma gueule et réponds-moi. Avec qui tu t'es battue ?
Je soupirai et décidai de lui répondre. De toute façon, il n'allait pas me lâcher alors je n'avais pas trop le choix. Je me suis enfoncée dans le canapé en ramenant mes genoux contre moi et j'ai fixé le mur gris clair face à moi.
- J'étais dans un bar, celui où on est allé la dernière fois. Deux gars d'une trentaine d'années sont venus me parler. Ils étaient vraiment lourds et complètement défoncés et ils m'ont demandé de venir s'amuser avec eux. Je les ai envoyé se faire foutre, évidement, et ils sont partis. Sauf que quelques minutes plus tard, ils sont revenus avec un autre type et m'ont refait la même proposition. Alors j'ai accepté et je les ai suivis deho…
- Tu as fais quoi ? me hurla Flo.
Je tournai la tête vers lui pour l'incendier du regard.
- Tu me laisses terminer ?
Il hocha la tête à contrecœur et je continuai :
- Je disais… Je les ai suivis dehors et il m'ont emmené dans une ruelle un peu plus loin. Ils ont essayé de me toucher et du coup, je me suis battue avec eux. Après je suis retournée au bar, et la suite, je ne sais pas, terminai-je rapidement.
- Comment tu as pu t'en sortir contre trois gars ? m'interrogea Flo, les yeux écarquillés.
Je n'avais pas vraiment prévu qu'il découvre ce côté de ma personnalité…
- Ils étaient bourrés et j'aurais pu parier qu'ils avaient aussi fumé, répondis-je vaguement.
Ce qui était vrai.
- Oui mais ils étaient trois ! Ils ne t'ont rien fait, dis-moi ? Tu ne les as pas laissé te toucher ?
- Je me suis juste pris un coup à la lèvre et un à la joue. Et non ils n'ont pas eut le temps de me toucher.
Il poussa un soupir de soulagement puis il m'annonça que je m'étais pris un coup à la tête en plus des autres.
- Non, la tête ça va, dis-je en touchant une bosse sur ma tête. Ah non, peut-être pas, tout compte fait. Ça, je ne sais pas d'où ça vient.
Flo grogna et leva les yeux au ciel pour m'exprimer son mécontentement. Je prenais tout cela à la légère et ça semblait l'énerver au plus haut point.
- Ce soir on y retourne et tu me montre qui c'est.
- Ça m'étonnerait qu'ils y retournent si tôt.
- Pourquoi tu dis ça ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Ils étaient… Hum… Comment dire… bafouillai-je. Je les ai laissé dans la ruelle. Allongés. Et… Inconscient. Je crois.
- Tu as défoncé trois gars à toi toute seule ?
Visiblement, il ne semblait pas me croire. Ou alors, il était vraiment étonné. Pourquoi est-ce que je m'était fourrée dans une embrouille pareille !
- Euh… Ouais ? grimaçai-je.
- Comment tu…
- J'ai appris à me battre, et je me défends plutôt bien, conclus-je en me levant. Merci et désolée pour hier. Je vais aller me rhabiller et je vais y aller.
- Déjà tes vêtements ne sont pas secs, et ensuite, la discussion n'est pas terminée.
Il se leva et me retint par le bras.
- Ce n'est pas à toi de décider ça.
- Pourquoi tu es partie de chez toi hier soir ?
- Fabien, me rappelai-je.
J'ai couru jusqu'à la chambre pour prendre mon téléphone.
- J'ai appelé ton frère et je lui ai dis que tu allais bien, m'annonça Flo en entrant à son tour.
- Toi, t'as appelé mon frère ?
- Oui. Il était vraiment inquiet Jess. Comme ta mère.
Il avait reprit un ton plus doux pour me parler. Je me suis assise sur le lit et j'ai enfoui ma tête dans mes mains, mes coudes étant plantés dans mes cuisses. Ils avaient dû être mort d'inquiétude, j'aurais dû les prévenir.
- Pourquoi tu es partie de chez toi ? répéta Flo en s'asseyant à côté de moi.
- Je voulais prendre l'air.
- Prendre l'air ? Dans un bar, pas très loin de chez moi, pour te bourrer la gueule alors que tu n'as jamais bu ?
- On dirait…
Je soupirai et me laissai tomber en arrière sur le lit, mes mains cachant mon visage. De longues minutes de silence ont suivis avant qu'il ne pose sa main sur ma cuisse nue.
- Tu me manques…
- Je ne suis pas pour toi Flo, et tu le sais, lui répondis-je froidement.
- Peut-être. Mais je te veux quand même.
Avant que je n'ajoute quoique ce soit, il était au dessus de moi, une jambe de chaque côté des miennes, une main de chaque côté de ma tête.
- J'ai besoin de toi, me souffla-t-il en me regardant dans les yeux. Et tu as besoin de moi, continua-t-il.
- C'est faux.
- Non, et tu le sais très bien. Pourquoi tu serais venue chez moi alors ?
- J'avais bu, je ne savais pas ce que je faisais.
- On dit que l'alcool nous fait agir sans réfléchir. Sous une impulsion. On fait juste ce qu'on a envie de faire, sans se poser de questions, m'expliqua-t-il en se rapprochant un peu plus.
- Je n'ai pas besoin de toi.
- Ce n'est pas ce que je pense.
On murmurait tout les deux, et ce dialogue commençait à tourner à son avantage. En plus, il était torse nu. Comment je pouvais réfléchir dans cette situation ?
- Mec je pourrais te prendre un… Oh. Désolé de vous déranger. Continuez, je m'en vais, rigola Thibault en refermant la porte de la chambre.
Je repoussai Flo et me redressai rapidement, rouge de honte, même s'il n'était plus là.
Je me suis reculée jusqu'à l'autre bout du lit et Flo resta à sa place. Il me regardait, et moi je regardais mes mains. Je ne savais plus où me mettre et je ne voulais pas qu'il ait raison. Il ne pouvait tout simplement pas avoir raison.
- Tu sais que tu restes belle même avec cette tête là ?
- C'est tout ce que tu trouves à dire ? lui demandai-je en relevant la tête.
- Ouais, rit-il. Mais c'est la vérité. Aller viens, on va manger. Je suis sûr que tu n'as rien avalé depuis hier.
Il me tendit un short que j'enfilai rapidement et je le suivis dans le couloir. Thibault jouait à un jeu vidéo et il rigola en nous voyant arriver.
- Déjà finis ? C'était rapide !
- Ta gueule Thibault, répliqua Flo.