Chapter 19
1734mots
2022-10-06 21:20
19
Elle hocha la tête et se recoucha en fermant les yeux. Je m'allongeai à côté d'elle et la pris dans mes bras.
- Flo ?

- Oui ?
- Ne me laisse pas tomber, murmura-t-elle.
- Jamais.
Je suis resté près d'elle, comme je lui avais promis. De toute façon, je n'aurais jamais pu me rendormir après ce qu'il venait de se passer. Comment est-ce possible qu'un cauchemar la mette dans cet état-là ? C'était horrible et j'ai eu vraiment peur pour elle. Ça m'a fait de la peine de la voir ainsi. Ça m'a fait mal. Très mal. Si moi je me sentais terriblement mal, je n'osais pas imaginer comment elle, elle se sentait. Tout ce que j'espérais, c'était qu'elle accepte de m'en parler à son réveil pour que je puisse l'aider.
Elle m'a déjà dit une fois que ça lui arrivait de faire des cauchemars, mais je ne pensais pas que c'était si… effrayant. Je réfléchissais à ce qui avait bien pu se passer dans sa vie pour que ça lui donne de tels mauvais rêves quand je me souvins de ce qu'elle m'avait dit tout à l'heure. Elle s'est excusée de m'avoir tué. Elle m'aurait tué dans son rêve, et c'est ça qui l'aurait mise dans cet état ? Mais pourquoi me demander pardon ? Ce n'était qu'un rêve. On ne peut pas contrôler ses rêves. Si seulement c'était possible… Si seulement je pouvais contrôler les siens, juste cette nuit pour lui faire faire un doux et magnifique rêve pour compenser l'horreur qu'elle a dû voir un peu plus tôt.
Quelques heures plus tard, elle ouvrit les yeux, me jeta un regard triste et confus, se dégagea de mon emprise et se leva. Sans un mot. Elle disparut dans la salle de bain et j'entendis l'eau de la douche couler. Je me servit un café et m'asseyai au bar de la cuisine pour attendre qu'elle termine, toujours en me posant beaucoup de questions.

La porte de la salle de bain s'ouvrit et elle arriva dans la cuisine, seulement vêtue d'un de mes tee-shirt. Je suivis son visage du regard. Je ne voulais pas regarder ailleurs, ce n'était pas vraiment le moment. Elle se servit un café et s'assit en face de moi. Toujours sans prononcer un mot. Je ne savais pas si je devais briser le silence ou attendre qu'elle le fasse d'elle-même. Je décidai de me taire encore un peu et lui pris la main. Elle tremblait encore. Une larme coula doucement le long de sa joue. Elle s'en rendit compte et l'essuya immédiatement du revers de la main. Elle se leva et partit dans la chambre précipitamment. Je l'ai suivie. Elle était assise sur le bord du lit, les coudes plantés dans ses cuisses, la tête cachée dans ses mains. Je me suis accroupi devant elle et j'ai dégagé son visage. Elle ne voulait pas me regarder dans les yeux. Parce qu'elle pleurait.
- Regarde-moi s'il te plaît… l'implorai-je.
J'avais parlé si bas que je ne savais pas si elle m'avait entendu. Elle leva les yeux vers moi et se jeta à mon cou. Je tombai assis par terre avec Jess sur mes genoux. Et on resta comme ça. Une éternité. Mon nez était enfoui dans ses cheveux et je pouvais sentir son shampoing. Elle sentait tellement bon.
- Tu veux m'en parler ?

Elle secoua la tête.
- Tu m'en parlera un jour ?
Elle hocha la tête.
- D'accord. Mais si je peux faire quoique ce soit pour t'aider, dis le moi et je le ferai. N'importe quoi.
- Tu m'aides déjà énormément. Merci, murmura-t-elle dans mon oreille.
Je n'avais pas l'impression de l'aider. Je me sentais inutile dans une telle situation et je ne comprenais pas ce qui la rendait aussi vulnérable d'un seul coup. Elle me regarda dans les yeux et je lui essuyai les dernières larmes qu'il restait sur ses joues. Elle se releva et retourna dans la salle de bain. Je me levai à mon tour pour la rejoindre et on retourna dans la cuisine. Je me suis assis à côté d'elle et regardait le mur face à moi. Le silence qui régnait était un peu moins oppressant que tout à l'heure. Elle se leva pour faire le tour du bar et réchauffer son café. Cette fois-ci, je ne me privai pas d'admirer ses jambes dénudées. Je tentai de détendre un peu l'atmosphère :
- Jolies jambes au fait, dis-je en lui souriant.
Elle se retourna et baissa la tête comme pour vérifier ce que je disais, puis elle tenta de se justifier. Laborieusement. Je ne la quittais pas des yeux. Bien sûr, elle s'est mise à rougir.
- Ah… Heu… Désolée, je… J'avais oublié mes affaires quand je suis allée à la douche alors je… Je n'avais que ton tee-shirt sous la main, et après j'ai oublié de remettre autre chose.
- Hé, ne t'inquiète pas. Ça ne me dérange pas du tout. Au contraire ! dis-je avec un grand sourire.
Je baissai de nouveau les yeux et elle tira sur le bas de mon tee-shirt noir pour cacher ses cuisses.
- Je… Je vais m'habiller.
Je l'attrapai par les hanches quand elle passa devant moi et l'attirai contre moi.
- Non. Tu restes comme ça. J'aime beaucoup.
- Alors arrête de me regarder comme ça…
- Ok, lui souris-je. Je le ferai quand tu seras de dos alors.
Elle me sourit timidement, et pour la première fois, c'est elle qui m'embrassa. Ce baiser était doux et rapide mais il restait parfait. Qu'est-ce que j'aimais ses lèvres, elles étaient tellement… parfaites.
- On fait quoi aujourd'hui ? Je ne veux pas rester ici, si ça ne te dérange pas…
- On va déjà manger quelque chose et après on bougera.
- Je n'ai pas faim.
- Moi si !
Je l'embrassai rapidement et me levai pour aller faire à manger.
- Mais il n'est que onze heure, m'informa Jess.
- Et alors ?
Oui j'avais encore faim, ce n'était pas de ma faute tout de même. Et puis je n'avais pas mangé ce matin parce que j'avais peur de laisser Jess toute seule. Mais si je lui dis ça, elle va s'en vouloir.
Je n'avais pas vraiment envie de faire à manger mais comme il n'y avait plus de restes de pizza, je n'avais pas trop le choix. Les gars et moi avions mangé tout ce que les filles avaient laissé plus nos pizzas respectives. Grâce à Mylène, on avait récupéré une pizza complète étant donné qu'elle n'avait pas eu le temps d'y toucher. Comme quoi, elle pouvait encore se rendre utile… C'était méchant mais je m'en fichais totalement..
Du coup, Jess et moi nous sommes retrouvés dans la cuisine, à se battre pour savoir si je devais mettre du poivre sur nos steaks hachés ou non. Elle n'en voulait pas, moi oui. J'adorais ces petits moments assez banals avec elle. J'aimerais tant en passer plus souvent, mais elle ne reste que le week-end, alors je profitais d'elle au maximum pendant ces deux petites journées. J'ai donc passé le plus clair de mon temps à la prendre dans mes bras, à lui faire des câlins, et à l'embrasser pendant qu'elle essayait de faire à manger. Elle ne me repoussait pas, alors je continuais. J'aimais tant être dans ses bras et sentir sa délicieuse odeur. Je n'avais jamais passé de moments comme celui là avec qui que se soit.
Après manger, on est allé faire un peu de course parce que j'avais plus grand-chose à manger, puis on s'est promené. On a discuté de tout et rien. Mais pas de cette nuit. A chaque fois que j'y repensais, je me sentais terriblement mal. J'avais l'impression que c'était de ma faute, alors que je n'y étais pour rien. Enfin, je crois…
Toutefois, elle paraissait plus souriante depuis qu'elle avait arrêté de pleurer ce matin. Est-ce qu'elle était vraiment heureuse ou est-ce qu'elle se cachait derrière ce sourire radieux ? Je pense qu'elle ne voulait pas me montrer qu'elle avait encore mal. J'avais pu déceler sa peur cette nuit. D'habitude, ses yeux ne laissant rien paraitre. Comme en ce moment.
- Ça te dit qu'on aille au ciné ce soir ?
On s'était installé à notre café, le Renouveau, pour prendre un café et se réchauffer. On était en plein milieu du mois d'octobre et il commençait à faire froid.
- Je n'ai pas apporté d'argent.
- Idiote, tu as cru que je voulais t'emmener au cinéma et te laisser payer ta place ? rigolai-je.
- Tu m'as traitée d'idiote ?
Elle me regardait avec un regard sombre, insondable et terrifiant. Oups. Je crois que j'ai dit une connerie. Mon visage a commencé à se décomposer, je ne savais plus quoi dire, ni où me mettre. Je ne pensais pas qu'elle le prendrait aussi mal. Puis je vis ses yeux s'éclairer et elle se mit à rire doucement. Je crois bien que c'est le son que je préfère entendre.
Elle m'avait fait peur. J'ai vraiment cru qu'elle était sérieuse. Comment fait-elle pour changer cette lueur dans ses yeux en quelques secondes ? On dirait qu'elle contrôle son regard. Elle contrôlerait ce qu'elle veut montrer de sa personnalité. C'était comme si elle pouvait appuyer sur un interrupteur pour éclairer ou assombrir ses yeux bleus. Elle serait aux commandes de ce qu'elle veut montrer de sa personne. C'était à la fois étrange, fascinant, et terrifiant.
- Désolée je ne pensais pas que tu allais vraiment le croire, me sourit-elle.
- En même temps, tu aurais vu ton regard, tu faisais peur et j'ai vraiment cru que je t'avais blessée, ris-je à mon tour. Comment tu fais ?
- Comment je fais quoi ?
- Ton regard. Comment tu fais pour le changer en un instant ? Un moment il était glacial et la seconde d'après il brillait.
- Ah bon ? Je sais pas, je dois le faire sans le faire exprès, répondit-elle en haussant les épaules.
- Tu serais une très bonne comédienne alors, constatai-je en dissimulant un peu me peine.
Et une très bonne menteuse. Elle venait de me mentir en me regardant dans les yeux. Je savais maintenant qu'elle me cachait ses émotions. Du coup, je pense qu'elle doit le faire à chaque fois. Pourquoi ? Pourquoi me les cacher à moi, ses émotions ? Je sais qu'on ne se connaît pas depuis