Chapter 20
1314mots
2022-10-06 21:20
20
Et une très bonne menteuse. Elle venait de me mentir en me regardant dans les yeux. Je savais maintenant qu'elle me cachait ses émotions. Du coup, je pense qu'elle doit le faire à chaque fois. Pourquoi ? Pourquoi me les cacher à moi, ses émotions ? Je sais qu'on ne se connaît pas depuis longtemps mais je lui ai dit qu'elle pouvait me faire confiance. Mais elle m'a aussi dit qu'elle accordait rarement sa confiance à d'autres, donc il fallait que je la gagne. Je vais devoir trouver un moyen. Je veux qu'elle puisse compter sur moi, qu'elle puisse me parler de tout, sans avoir honte de rien. Mais ça va sûrement être plus difficile que je le pensais.
Plus tard dans la journée, on est rentré chez moi pour manger, puis on est repartit pour aller à la séance de cinéma de vingt heure. Je l'ai laissé choisir le film, et heureusement, elle a choisit un film d'action. Elle m'a dit qu'elle était pas trop du genre comédie romantique. Dans certaines situations, ma copine était un peu un garçon manqué, comme dans ce cas là par exemple, et c'est pas moi que ça va déranger pour ça.

Pendant le film, je lui ai seulement pris la main. Je ne suis pas du genre à embrasser une fille dans une salle de cinéma, dans le noir, pendant une heure et demi. Même si c'est Jess. Je pars du principe que le cinéma n'est pas fait pour ça. Je préfère l'embrasser chez moi, sans personne autour. Je ne dis pas non plus que si elle, elle venait à m'embrasser je la repousserais, loin de là !
- On va boire un coup ? lui demandai-je en sortant.
- Tu n'en as pas marre de dépenser de l'argent ? dit-elle en rigolant.
- Mais non t'inquiète !
- Tu es trop riche c'est ça ?
- Tout à fait ! plaisantai-je.

On est donc allé dans un petit bar, où j'ai commandé une bière et un coca pour elle. Je lui avais proposé une bière, mais elle ne voulait pas boire.
- Tu ne bois jamais ?
- Non.
- Pourquoi ?

- Je ne sais pas. Je n'ai jamais bu de l'alcool et ça ne me donne pas envie.
Ses réponses ne m'étonnaient même plus. Ma copine n'aime pas faire les magasins, préfère un film d'action à un film d'amour et n'a jamais touché à un verre d'alcool. Et je suis sûr que ce n'est que le début.
- Et tu n'as jamais voulu goûter ?
- Je n'en ai jamais eu l'occasion. Je peux ? me demanda-t-elle en montrant mon verre.
- Tu es sûre ? Je ne disais pas ça pour t'obliger à boire hein, rigolai-je.
- Mais non, ne t'en fais pas.
- Et bien sers-toi alors, lui souris-je.
Elle a but une gorgée et m'a dit que c'était dégueulasse. J'ai explosé de rire et elle aussi par la même occasion. On a continué de rire et de parler, comme un couple normal. C'était vraiment une très agréable soirée. Elle avait l'air vraiment détendue et heureuse. J'espérais seulement que ce n'était pas une façade qu'elle s'était créé.
Son téléphone sonna et elle me fit signe qu'elle sortait pour répondre. Il était hors de question qu'elle reste seule, à plus de vingt-trois heure, dans la nuit, devant un bar, donc je la suivis dehors.
J'étais au téléphone avec ma mère, pendant que Flo était appuyé contre le mur et me regardait. Elle m'appelait juste pour me dire qu'elle rentrerait tard demain soir et que du coup, elle ne serait pas là quand je serai de retour. Je rapportai ma conversation à Flo et on retourna au bar pour qu'il puisse finir sa bière, et qu'on puisse rentrer chez lui.
On a discuté tout le long du chemin et il me tenait la main. J'étais tellement bien avec lui. Je pouvais, en quelques sortes, m'échapper de ma vie actuelle, pendant de courts instants. Même si je savais que mon passé ne me laisserait pas tranquille. Il me hantera toujours. Notre passé a toujours un impact sur notre présent, que ce soit bon, ou mauvais. Pour moi, en l'occurrence, ce n'était pas très joli…
Cette nuit, j'ai tué Flo. Je l'ai tué de sang froid. Ce n'est pas le rêve en soit qui m'a le plus terrifiée mais la décision que j'y ai prise. J'ai préféré le tuer que de rester avec cet homme impitoyable que j'ai déjà côtoyé. Ce qui m'effraie, c'est que j'ai peur que cette situation devienne réelle un jour, et que je sois obligée de faire le choix qui m'a été proposé cette nuit. Je sais que ça peut arriver. Et j'ai peur, à ce moment là, de devenir aussi égoïste que cette nuit. Serais-je capable de le sacrifier de cette façon ? Pourrais-je le regarder dans les yeux pour y voir son regard s'éteindre à petit feu ? Aurais-je seulement la volonté de vivre après après lui avoir arraché la sienne ?
Non. Impossible. Je tiens beaucoup trop à lui. Et même si quelqu'un d'autre était à sa place, si un parfait inconnu le remplaçait, je ne détruirai pas la vie de quelqu'un seulement pour mon bonheur. Mon bonheur ? De toute façon, il a disparu depuis longtemps. Je n'ai plus rien à perdre. Sauf, peut-être lui. Je préférerai retourner là-bas, que de tuer quiconque.
Dans la nuit, j'ai attendu que Flo s'endorme et je suis allée m'allonger sur le canapé, dans le salon. Je ne voulais risquer de le réveiller pendant un autre cauchemar. Pendant que je dormais, j'ai sentis une présence à côté de moi, ce qui m'a fait me réveiller en sursaut. Il faisait jour et Flo était assis sur l'accoudoir du canapé, à mes pieds.
- Ça va ? me demanda-t-il inquiet.
- Oui.
Je me redressai pour m'asseoir et repliai mes jambes contre moi.
- Tu as refais un cauchemar ?
- Non.
- Alors qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Je ne voulais pas risquer de te réveill…
- Je t'ai dis de ne pas t'inquiéter pour ça. Quand je me suis réveillé et que tu n'étais pas vers moi, j'ai cru que tu avais fait encore un mauvais rêve et je me suis inquiété…
Il s'est rapproché de moi.
- Mes rêves ne sont pas seulement effrayants, Flo. Ils peuvent aussi être violents. Je… J'ai déjà frappé ma mère et mon frère pendant qu'ils essayaient de me réveiller. Je me croyais toujours dans mon rêve et je me débattais. Je ne veux pas te faire du mal.
Je lui parlais en admirant mes mains. Je ne voulais pas le regarder dans les yeux. J'avais peur de ce que je pourrais y voir… Il se pencha et me releva la tête pour que je le regarde.
- Je me fiche que tu me fasse du mal physiquement. Ça ne sera qu'un petit bleu au pire des cas. Ce qui me fait le plus mal, c'est que tu ne me laisses pas t'aider comme je le voudrais. Tout ce que je veux, c'est que tu t'appuies sur moi. Que tu acceptes mon aide.
- Je n'ai jamais eu besoin d'aide.
- Tu ne crois pas que ça pourrait changer ?
- Je ne sais pas, soufflai-je.
Je me levai mais il m'attrapa la main pour me retenir et me regarda tristement. Je me penchai et l'embrassai sur la joue, avant d'aller me servir un café à la cuisine. Je lui en servis un en même temps et il s'installa au bar, un paquet de gâteaux en mains.
- Tu restes encore cette nuit ?
- J'ai cours demain.
- C'est pas grave, je t'emmènerai. Comme ça, tu es plus près en plus.
- Non, je peux pas. Je n'ai pas mes affaires et ma mère ne voudra jamais.