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- Comme vous pouvez vous en douter, nous ne pouvons pas dire qu'ils soient sains et saufs, seulement, ils sont en vie.
- C'est… C'est génial, bredouilla Jess à cours de mots et au bord des larmes.
- Si nous sommes venus, c'était pour vous annoncer cela, mais il y a aussi une autre raison. Nous voudrions vous demander votre aide. Je sais que tout cela est terminé pour vous, mais nous aimerions beaucoup votre accord. Ces jeunes ont entre quinze et dix-neuf ans. Certains sont portés disparus depuis plus de quatre mois, d'autres depuis quelques jours. Ils ne sont pas tous français, mais ils sont tous européens. Ce que nous aimerions vraiment, c'est que vous leur montriez que tout est possible, même après ce qu'ils ont subit. Que comme vous, ils pourront refaire leur vie. Il n'y a que vous qui seriez capable de ça puisqu'il n'y a que vous qui savez réellement ce qu'ils ont traversé.
Jess me jeta un regard inquiet et je resserrai mes doigts autour des siens. Je savais qu'elle allait accepter, elle ferait n'importe quoi pour leur venir en aide.
- Vous pensez vraiment que je le pourrais ? demanda-t-elle, peu sûre d'elle.
- Certainement. Mais nous n'avez aucune obligation, le rassura l'agent.
- Je voudrais essayer.
- Parfait ! s'exclama-t-il en souriant, ravi. Je vous ferai parvenir leurs dossiers une fois l'accord des parents obtenu. Toutefois, je ne vous garanti pas que tous accepteront.
Jess hocha la tête. Elle comprenait parfaitement ce qu'il insinuait. Ces jeunes étaient certainement en état de choc, tout comme leurs parents. Elle releva la tête vers moi et je lui souris pour la rassurer.
- Par contre, nous devons vous dire que tout ne s'est pas déroulé comme nous l'espérions. Douze des militaires ont perdu la vie.
- Je suis vraiment désolée, s'excusa immédiatement Jess, alors qu'une fois encore, rien n'était de sa faute.
Un silence s'installa avant qu'elle ne reprenne la parole.
- Est-ce que je pourrais avoir les noms de ce groupe de militaires ? Des quarante trois ? quémanda Jess. Je voudrais les remercier.
- Nous verrons ce que nous pourrons faire.
- Merci.
L'agent de police et Thibault se levèrent, montrant la fin de la discussion.
- Une dernière chose, fis-je en me levant à mon tour. Que sont devenus ceux qui étaient là-bas ?
- Ils sont tous morts. Lorsque les militaires sont arrivés, les dix-huit individus qui étaient présents, mis à part les adolescents, les ont attaqués. Les militaires avaient reçu l'ordre d'ouvrir le feu si c'était nécessaire, et c'est ce qu'il s'est produit.
- Ils n'étaient que dix-huit ? s'étonna Jess.
- En effet.
Après les avoir remercier encore une fois, je les ai reconduis à la porte. Thibault a sorti une enveloppe de la poche intérieure de sa veste et me l'a tendue en me souriant. Mon prénom était inscrit à l'encre noire et mon meilleur ami me précisa que celui qui avait donner les indications à la police leur avait donné cette enveloppe.
Quand ils sont sortis, Jess s'est effondrée et je l'ai serrée dans mes bras. Ses huit années de calvaires étaient maintenant derrière elle. Derrière nous. C'était fini.
Tout était terminé.
Elle se défit de mon emprise et je séchai ses larmes. Je déposai un doux baiser sur ses lèvres en lui répétant que tout était terminé. Elle hocha la tête en me souriant.
- Qu'est-ce que c'est ? me demanda-t-elle en me montrant l'enveloppe.
- Je ne sais pas. Mais on va bientôt le savoir, viens.
Je lui pris la main et l'emmenai vers le fauteuil. Je m'installai sur celui-ci et pris Jess sur mes genoux pour qu'elle puisse lire en même temps que moi. Dès les premiers mots, mes yeux ont commencé à me brûler, mes mains à trembler et mon rythme cardiaque à s'accélérer.
' Mon fils.
Je ne sais pas si tu te souviens de notre dernière rencontre, le jour de l'enterrement du frère de ta fiancée. Ce jour-là, tu m'avais dis que la seule chose que je pouvais faire pour toi, était de tuer celui qui avait détruit le cœur de la femme de ta vie. Certes, je ne l'ai pas tué de mes propres mains, mais je l'ai trouvé. J'ai chercher pendant plus de cinq ans, jour après jour, et je l'ai enfin retrouvé. J'ai donné toutes les informations aux policiers, et ils sont venus me dire aujourd'hui que plus aucun de ceux qui avaient fait du mal à Jessica n'étaient de ce monde et que vingt-deux adolescents avaient été retrouvés, malgré la mort de douze militaires. Je suis tellement heureux que vingt-deux familles soient de nouveau réunies, même si une part de moi ne peut s'empêcher de se sentir coupable d'avoir détruit douze autres familles.
J'ai fais tout cela pour retrouver le respect que j'avais perdu depuis longtemps envers toi et ton frère. J'espère que tu lui raconteras tout cela, et que vous réussirai à me pardonner, malgré tout le mal que je vous ai fait. Je sais qu'il vous faudra du temps, mais j'attendrai. Si un jour, l'envie te prend de me rendre visite, j'ai inscris mon adresse au bas de la lettre, ainsi que mon numéro de téléphone. J'espère sincèrement avoir de tes nouvelles un jour, et sache que si tu ne veux plus me revoir, je ferai en sorte que tu ne me revois jamais. Seul ton choix compte, ici.
Il y a quelques jours, je t'ai croisé dans la rue, mais tu ne m'as sans doute pas vu. Ou pas reconnu, je l'ignore. Mais moi je t'ai vu main dans la main avec Jessica. Je vous ai vu heureux, vous riiez tout les deux et j'ai vu son ventre rond. Dans quelques mois, tu seras père Florian, c'est dans ces moments-là que je me dis que j'ai vraiment tout raté dans ma vie, excepté mes deux enfants. Tu feras le meilleur des pères pour ton enfant, comme l'est ton frère avec ses deux fils, j'en suis certain. Je suis tellement fier de voir les hommes que vous êtes devenus tout les deux, même si je ne m'en accorde aucun mérite.
J'attends ta décision avec impatience, et à bientôt j'espère.
Ton père qui t'aime. '
..
Fin