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- Ah d'accord. Et que veux-tu que je fasse ?
Je ne voyais pas du tout où il voulait en venir. Il prit une grande inspiration avant de m'avouer qu'il avait besoin de mon aide pour sortir avec elle.

- Je ne te croirai pas si tu me dis que tu n'es jamais sorti avec une fille, lui souris-je avant de porter ma tasse à la bouche.
- Et tu as bien raison, rigola-t-il.
- Alors pourquoi tu as besoin de mon aide ? Ne me dis pas que tu ne sais pas t'y prendre avec une fille ? me moquai-je.
- Si justement. Avec les filles comme Mylène c'est facile, mais elle, ce n'est pas la même chose…
- Ah… Et bien, tout ce que je peux te dire, c'est d'y aller doucement si elle est timide.
Il regarda sa tasse et semblait réfléchir. Mon conseil n'en était pas vraiment un mais je ne savais pas quoi dire d'autre. Je n'avais jamais vraiment parlé sérieusement avec Thibault, mais c'était facile de discuter avec lui. Ce n'était pas comme avec Flo, c'était seulement différent. Mais ça me plaisait de parler avec quelqu'un d'autre que lui pour une fois.

- Comment il était Flo avec toi au début ? voulu savoir Thibault.
- C'est avec Flo que tu devrais en parler. Il saura mieux te dire, rigolai-je.
- Je ne peux pas en parler avec lui, m'avoua-t-il avec une grimace.
- Pourquoi ? Il pourra mieux te répondre que moi pourtant.

- Je ne pense pas. En fait, il se trouve que cette fille, c'est sa cousine. Et comme ton frère, il est très protecteur envers sa famille. Surtout elle, puisque c'est sa seule cousine.
- Mais tu es son pote, il te connaît non ?
- Justement, je suis un peu comme Flo. Enfin, comme était Flo avant d'être avec toi. Je me suis toujours amusé avec les filles qui voulaient bien s'amuser, tu vois ?
- Oui, à peu près, oui, souris-je.
Je savais exactement de quoi il me parlait étant donné que Flo m'avait fait le même discours il n'y a pas très longtemps.
- Mais en réalité, je m'intéresse à Pauline – la cousine de Flo – depuis que je la connais. Je l'ai rencontré quand j'avais seize ans. Elle avait seulement un an de moins que moi mais elle me plaisait déjà. Depuis, je suis sorti avec plusieurs filles mais aucune ne m'intéressait spécialement. C'est elle que je veux depuis le début mais j'ai essayé de l'oublier. Et comme tu peux t'en rendre compte, je n'y suis pas arrivé…
L'entendre me dire tout ça devrait me gêner mais même pas. Ça me faisait plaisir qu'il me parle de lui et de ses sentiments. Aussi, je venais de réaliser quelque chose.
- Tu l'aimes ?
- Ouais.
Sa réponse a été franche et directe et ça ma surprise. Je continuai :
- Et Flo ne sait rien ?
Il secoua la tête et me fixait de ses yeux clairs et brillants.
- Je pense que tu devrais lui dire.
- Si c'était pour me dire ça je m'en serais passé, marmonna Thibault un peu blasé.
- Désolée mais c'est logique non ? De toute façon, même si tu sors avec elle, comment tu vas faire pour la voir sans que Flo sois au courant ? S'il est proche de sa cousine, ils doivent se parler souvent, même si je l'ai jamais vue, pour ma part.
- Ce n'est pas faux. Mais Flo va m'arracher la tête, tu ne crois pas ?
- Peut-être. Mais si tu lui dis tout ce que tu m'as dis, je pense qu'il ne t'arrachera qu'un bras ou deux, lui souriai-je sincèrement.
Il s'est mit à rire et m'a remercié, même si je pense que je n'ai pas servis à grand-chose.
Après avoir finit nos boissons, il est parti payer et on est sorti. Il m'a accompagné à pied jusqu'au lycée.
- Bon et bien, à plus Thibault.
Il me prit dans ses bras et m'embrassa sur la joue.
- Merci Jessie. À plus.
L'entendre m'appeler Jessie me fit sourire. Seulement mon frère m'appelle comme ça, et bizarrement, ça ne me choquait pas de l'entendre de la bouche de Thibault.
- C'est moi. Je suis rentrée ! criai-je en entrant chez moi.
- Salut ma chérie, ça va ?
- Oui ça va maman.
Je m'installai à table où tout était déjà placé et on mangea tous ensemble. Je parlais rarement de mes journées de cours durant le repas, puisqu'il ne se passait rarement quelque chose de palpitant. Aussi j'écoutais les autres d'une oreille distraite en pensant à ma discussion avec Thibault, jusqu'à ce qu'une information m'interpelle.
- Papa a téléphoné, me dit Kelly.
- Pour quoi ?
- Pour savoir comment on allait. Et quand je lui ai dit que tu avais un amoureux il était en colère je crois, continua ma sœur d'un air coupable.
Je reposai ma fourchette.
- Tu lui as dit ?
- Désolée Jess. Je ne savais pas qu'il allait s'énerver…
Ma sœur avait déjà les larmes aux yeux. C'était donc que mon père avait dû péter un câble et que j'allais être dans l'obligation d'avoir une discussion avec lui très prochainement ! Je comptais bien sûr lui en parler. Mais plus tard.
- Génial, merci Kelly ! m'exclamai-je énervée.
- Désolée, répéta-t-elle.
Elle est partie en pleurant dans sa chambre. J'aurais peut-être pas dû lui parler aussi brutalement. Je m'en voulais de faire de la peine à ma sœur, même lorsqu'elle me mettait en colère, alors je suis allée m'excuser et je l'ai consolée. On est retourné à table pour finir de manger puis je suis allée dans ma chambre. J'étais en train de lire quand Fabien entra.
- Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je.
- Rien. Je voulais juste te parler.
- Ah d'accord.
Il s'assit sur le lit, à côté de mes jambes.
- Comment ça va avec Flo ?
- Ça va toujours, répondis-je vaguement.
- Tu es sûre ?
Il avait l'air inquiet. Je lui souris pour le rassurer et hochai de la tête.
- On s'est seulement un peu disputé ce week-end mais ça va.
- À propos de quoi ?
J'hésitai à lui répondre mais il insista.
- J'aimerais que tu me parles de lui s'il te plaît. Ça fait plus d'un mois que tu connais ce type et tu ne m'en parles jamais.
- Je parlais avec son meilleur ami par message et je n'ai pas voulu lui dire de quoi on parlait alors il s'est un peu énervé. Rien d'important.
- Il est jaloux de son meilleur ami ?
Il avait la même réflexion que moi.
- On dirait bien.
Je rigolai doucement et ajoutai :
- Tu ne l'aimes pas, dis moi ?
- Au début non, pas du tout. Mais je pense que si tu me parles de lui un peu plus souvent, je l'apprécierai de plus en plus. Peut-être, rit-il. Il a l'air d'être un mec bien, malgré son vieil âge, mais je le vois bien que tu es mieux depuis que tu es avec lui. Alors je ferai un effort, je te le promet.
- Merci, lui souris-je.
Il me fit un bisou sur la joue et se leva pour sortir.
- Fabien ?
- Oui ?
Il se tourna face à moi.
- Flo n'a jamais voulu me dire ce que tu lui avais dis quand il était venu ici la dernière fois.
- Oh, ça. Je l'avais juste menacé une ou deux fois, rien de plus.
- D'accord, ris-je.
J'étais sous la douche quand mon téléphone sonna. Comme je n'ai pas pu répondre, ça a raccroché, mais quelques secondes après, la sonnerie a retentit de nouveau. Le temps que je finisse, j'avais eu un troisième appel manqué. Je pris mon portable et vis que c'était mon père qui avait essayé de me joindre.
- Jess ? m'appela Fabien à travers la porte. C'est papa au téléphone.
- Dis-lui que je le rappelle.
Je cherchai le numéro dans mon répertoire et l'appellai. Il m'a posé plein de questions à propos de Flo : d'où il venait, l'âge qu'il avait, où il travaillait, où il habitait… Un vrai interrogatoire ! Il avait l'air en colère que je ne l'ai pas prévenu que j'avais un copain. En même temps, s'il voulait connaître ma vie, il n'aurait pas dû partir… Je lui en ai toujours voulu un peu de nous avoir quitté, même si je ne l'ai jamais montré.
Avant de raccrocher, mon père m'avait bien précisé que si Flo me faisait du mal un jour, il prendrait l'avion dans la seconde pour me venger. Je lui ai affirmé que ce ne serait pas la peine, et j'étais étonnament sûre de moi en disant cela.
Je suis ensuite retournée dans ma chambre pour travailler. Flo m'a téléphoné vers vingt et une heure trente et on a parlé pendant une petite heure environ. Il a essayé de savoir de quoi j'avais parlé avec Thibault, mais je lui ai dit que ça ne le regardait pas. Qu'est-ce qu'il pouvait être têtu ! Il ne saura rien avant que Thibault lui parle de son plein gré. Mais j'avais dans l'idée de l'obliger à avouer parce que cette histoire allait me prendre la tête.
J'étais dans la chambre de Flo, sauf que ça avait l'air différent. Je le voyais… d'en haut. Comme si je flottais au dessus de la chambre. J'étais sûrement en train de rêver. Et pour une fois, c'était un joli rêve, où Flo était allongé sur le dos sur son lit, seulement vêtu d'un boxer. Ses muscles bien dessinés et ses cheveux en bataille le rendait incroyablement sexy.
Je l'admirais en souriant comme une idiote quand la porte de sa chambre vola en éclats, me sortant immédiatement de ma rêverie. Quatre hommes armés de pistolet entrèrent dans la pièce et regardaient Flo comme s'ils se demandaient ce qu'ils devaient faire de lui. J'ai voulu hurler pour le prévenir mais aucun son ne sortait de ma bouche. Malgré le bruit qu'avaient fait ses hommes en entrant, Flo ne se réveillait pas. Les larmes se sont mises à couler sur mes joues quand j'ai reconnu le tatouage de l'un des quatre hommes sur son poignet. Je savais maintenant d'où ils sortaient, étant donné que j'avais le même symbole tatoué dans mon dos, entre mes deux omoplates.
L'homme au tatouage leva son pistolet vers Flo et lui tira dans la jambe sans hésitation. Flo se réveilla et hurla de douleur, alors que moi je ne pouvais que regarder. J'étais immobilisée et devenue muette. Je ne pouvais que pleurer. L'homme tira une nouvelle fois dans son bras. Puis une troisième balle se logea dans son ventre. Flo se vidait de son sang et gémissait pendant que j'étais impuissante. Il fallait que je me réveille. Vite.
Une quatrième balle arriva dans son torse. Flo me regardait maintenant et du sang coulait de ses yeux. Un liquide rouge maculait ses joues et la terreur envahissait ses yeux avant qu'ils ne se ferment après avoir reçu la dernière balle dans la tête.
J'ouvris enfin les yeux. Je transpirais, tremblais de partout et des larmes coulaient encore jusque dans mon cou. Il fallait que je parle à Flo. Que j'entende sa voix, pour être sûre. Je pris mon téléphone et composai son numéro. Je n'avais plus toute ma conscience, mais mes doigts connaissaient les mouvements à faire. Je tombai sur sa messagerie et rappelai immédiatement. Il décrocha au bout de la troisième sonnerie.
- Allô ?
Il avait une voix endormie. Je ne savais même pas quelle heure il était.
- Flo ? Flo c'est toi ? Tu vas bien ? Dis moi que tu vas bien s'il te plaît ! Dis que tu n'as rien que…
- Jess ! Jess calme-toi ! Qu'est-ce qu'il y a ?
J'étais assise dans mon lit et je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer.
- Dis-moi que tu n'es pas blessé Flo ! Dis-le moi, s'il te plaît !
- Non je n'ai rien Bébé. Je vais bien, me rassura-t-il. Qu'est-ce qu'il se passe ?
J'éludai sa question et lui demandai de me le promettre. J'avais besoin de l'entendre, et il le fit. Je soupirai de soulagement et essayai d'articuler un semblant de phrase.
- Désolée. Je… J'ai fais un cauchemar et… et je…
- Jessica calme-toi. Respire doucement. Je vais bien d'accord ? Je te promet que je n'ai rien du tout.
Je pleurais toujours et essayais de me calmer.
Fabien entra dans ma chambre et je sursautai.
- Jessie, ça va ?
Il s'est assis à côté de moi et m'a pris dans ses bras.
- Qu'est-ce que tu fais avec ton portable Jessie ? Donne-le moi.
- Non ! criai-je à Fabien.
Je remis le téléphone à l'oreille et Flo était en train de parler dans le vide.
- …moi. Répond Jess !