Chapter 34
1223mots
2022-10-21 03:52
34
- Crois ce que moi je te dis alors. Et je te dis qu'il n'y a rien d'important. Il me parle seulement en tant qu'amie. Tu devrais me connaître, non ?
Elle s'asseya près de moi et me prit la main.

- Justement. Et je trouve que tu as changé. Tu me regardais à peine dans les yeux au début, tu ne m'adressais presque pas la parole et tu sursautais quand je te touchais. J'ai peur que d'autres gars viennent te parler. Je ne veux pas te perdre, je tiens beaucoup trop à toi.
- Il n'y a qu'avec toi que je me sens à l'aise et tu le sais. C'est seulement avec toi que je suis moins timide.
- Et Thibault. Tu riais avec lui la dernière fois quand je suis rentré du travail, et tu le laisses te prendre dans ses bras.
Elle me lâcha et s'installa au milieu du lit en ramenant ses jambes sous son menton.
- Tu veux quoi ? Que j'arrête de lui parler ?
- Non… soufflai-je.

En fait, tout ce que je voulais c'était savoir. Voilà tout.
- Alors qu'est-ce que tu veux ? Que je redevienne comme au début ?
Je ne savais pas comme elle faisait, mais elle parlait toujours d'une voix monocorde quand on s'engueulait. Elle était vraiment douée pour cacher ses émotions, ça en devenait hallucinant. Et frustrant…
- Non, bien sûr que non. C'est juste que je suis égoïste et que je ne veux pas te partager. Et quand je te vois comme ça avec lui, j'ai l'impression que tu vas partir loin de moi et ne jamais revenir.

Je m'exprimais comme un gamin, mais peu importe.
- J'ai les mêmes impressions, m'avoua-t-elle.
- Comment ça ?
- Je te l'ai déjà dis. Pour moi, tu n'as rien à faire avec un fille comme moi. Et je suis vraiment étonnée qu'on soit ensemble depuis autant de temps, mais j'ai l'impression que tu peux t'en aller et me laisser tomber à tout instant. Et si ça avait l'air de m'amuser tout à l'heure, ce n'était pas parce que je te narguais ou quelque chose comme ça, c'était parce que ça me plaisait que tu sois jaloux de la sorte. Parce que ça confirme ce que tu viens de me dire. Que tu tiens à moi. Mais je ne vais pas partir avec lui, je veux être avec toi. Je te l'ai dis ce matin en me levant et je te l'ai même montré hier soir, me rappela-t-elle en s'empourprant légèrement. Alors crois moi quand je te dis qu'il ne se passe rien avec Thibault, s'il te plaît.
Je soupirai. Une fois de plus, tant d'honnêteté me faisait du bien mais me troublait un peu.
- Tu es en train de me retourner le cerveau, tu le sais ça ? lui dis-je en la prenant dans mes bras et en m'allongeant sur elle, ma tête sur son ventre.
- Ça veut dire que tu me crois ? me demanda-t-elle en passant sa main dans mes cheveux.
- Oui, je te crois.
On est resté comme ça encore plusieurs minutes, dans le silence le plus total, quand je me suis souvenu de quelque chose que je voulais lui demander.
- Je peux te poser une question ?
- Je t'en pris.
- Comment tu as appris à te battre et à te défendre ? Je t'ai vu hier soir avec Mylène et je commence à croire ce que tu m'as dit la dernière fois, quand tu t'étais battue avec ces gars.
- Parce que tu ne me croyais pas ?
- Tu étais bourrée, alors j'avais des doutes. Mais j'ai vu ta réaction hier soir.
Elle prit quelques secondes pour réfléchir.
- J'ai toujours été impulsive quand quelqu'un lève la main sur moi.
- Quelqu'un t'a déjà frappé ? compris-je.
- Oui… répondit-elle honnêtement. Et je… Je ne me contrôle plus vraiment dans ces cas là.
- J'ai remarqué.
- Je crois que je lui ai fais peur à Mylène.
- Je la comprend.
Elle se releva d'un seul coup, ce qui m'expulsa littéralement sur le côté.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai vu ton regard juste après. Il était sombre. Comme quand j'avais voulu t'aider à te changer il y a quelques semaines.
- Tu as eu peur de… De mon regard ?
- C'était plus de la surprise que de la peur. C'est d'ailleurs étonnant à quel point tu es capable de changer cette lueur dans ton regard. J'ai comme l'impression que c'est volontaire, que tu réussis à rendre ton regard joyeux, en colère, triste, ou même vide. Je n'aime pas quand je le vois vide. Tu devrais montrer tes émotions Jessica. Les laisser sortir, et ne plus les contrôler.
Je lui ai caressé le visage en collant mon front au sien.
- Laisser parler ses émotions, c'est montrer ses faiblesses, donc j'ai appris à les masquer.
- Alors je vais t'aider à me les montrer. Je veux tout connaître de toi, tes cotés les plus joyeux, comme tes côtés les plus sombres.
- Salut chérie ! Comment tu vas ?
- Salut Thibault. Ça va bien et toi ?
- Tranquille.
On était lundi midi et j'étais au café, où Thibault venait de me rejoindre. Hier, il m'avait envoyé un message pour savoir si on pouvait se voir aujourd'hui, ce qui m'avait coûté une légère dispute avec Flo. Pourtant, Thibault ne m'avait rien dit de particulier, seulement qu'il voulait me parler, et que je ne devais pas en parler à Flo. Comme j'étais sensée manger avec mon copain ce midi, j'avais été obligée de lui dire que je serais avec son ami. Il n'a pas eu l'air d'apprécier mais ne m'a rien dit, probablement pour pas qu'on se dispute à nouveau.
- Alors, quoi de beau ?
- Pas grand-chose. À part que ton message d'hier a fait que Flo a pété un câble.
- Ouais je sais, rit-il. Merci de n'avoir rien dit d'ailleurs.
- De rien. Bon, de quoi tu voulais me parler ? demandai-je.
Il partit commander un café pour lui et un cappuccino pour moi et s'installa à la place en face de moi. La place qui était celle de Flo normalement.
- D'une fille. Je veux te parler d'une fille.
Je le regardai, étonnée. Thibault qui voudrait me parler d'une fille ? Je trouvais ça bizarre.
- Pourquoi à moi ?
- Parce que tu es une fille peut-être ? déclara-t-il en souriant.
- Quelle perspicacité !
- Merci !
- Je t'en pris. Pourquoi tu veux pas que Flo soit au courant ?
- Pour la même raison que lui ne voulait pas me mettre au courant pour toi.
Il était en train de m'embrouiller.
- Je ne comprends rien du tout, rigolai-je.
- Bon. Il y a une fille qui me plaît.
- Qui te plaît ou que tu veux mettre dans ton lit ? lui demandai-je en souriant.
Il se mit à rire et but une gorgée de son café.
- Elle me plaît vraiment, chérie. Et en fait, si je veux te parler de ça, c'est parce qu'elle est un peu comme toi.
- Comme moi ? C'est-à-dire ? demandai-je en haussant les sourcils.
- Elle est plutôt timide.
- Ah d'accord. Et que veux-tu que je fasse ?