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- Ne t'excuse pas, c'est grave.
- Si. Parce que… Je… J'ai fais n'importe quoi et je…
Je me mis à rire, ce qui l'interrompit.
- Arrête de te foutre de moi !
- Je t'avais dis que ça serait plus drôle d'en parler aujourd'hui ! rigolai-je.
Je me levai pour me servir un verre d'eau.
- Oh ça va ! grogna Jess. Il n'y a rien de drôle. J'ai fais ça mais je…
- Ne t'inquiète pas, je plaisante, repris-je sérieusement pour qu'elle se calme. Je sais très bien que tu n'étais pas dans ton état normal, et je ne t'en veux pas.
- Vraiment ?
Je ne voulais pas l'énerver davantage, mais la tentation était trop grande. Aussi je lui répondis le plus sérieusement possible.
- Oui, pourquoi je t'en voudrais ? Je ne vais pas te faire la gueule parce que tu m'as sautée dessus et que tu m'as embrassé sauvagement. Sans compter que tu ne voulais plus me lâcher et…
- Flo, c'est bon j'ai compris ! Tu m'énerves !
- Je sais, lui dis-je en riant.
Elle s'est levée pour apporter son assiette à l'évier, et quand j'ai voulu lui prendre la main elle a claquée la mienne.
- Hé ! Je ne suis pas un gamin de cinq ans ! ajoutai-je, un peu vexé, sans toutefois me départir de mon sourire.
Je la suivis dans la chambre, où elle venait de prendre des vêtements avant de partir à la salle de bain, où elle me claqua la porte au nez. Elle m'énervait quand elle était bornée comme ça ! Elle se vexait beaucoup trop vite et était vraiment susceptible. Ce n'était pourtant pas grand-chose, et puis je lui ai dis que je ne lui en voulais pas. En même temps, comment pourrais-je lui en vouloir ? Le simple fait d'avoir ressenti son envie pour moi, m'avait fais de l'effet. Quand j'avais posé mes mains sur son dos et que sa peau était parsemée de frissons, je me suis senti plus vivant que jamais. À ce moment là, j'avais tellement envie de continuer et de profiter de cette nuit qui s'avérait magique… Mais jamais je n'aurais pu faire quoique ce soit sachant qu'elle avait pas mal bu. Et elle m'en aurait très certainement voulu d'avoir cédé à ses avances. C'est pourquoi, je l'avais repoussée. Bien malgré moi, c'était certain.
Ça faisait déjà une demi heure que j'attendais mais elle ne sortait toujours pas. Je décidai d'attendre encore un peu mais elle ouvrit la porte quelques minutes plus tard. Elle vint s'asseoir sur le canapé, où j'étais installé.
- Jess, vraiment, ne te fais pas de soucis pour ça, dis-je en lui prenant la main en reprenant mon sérieux.
- Merci, souffla-t-elle après quelques secondes de silence.
- Merci ?
- De m'avoir repoussée hier soir.
Bien entendu que c'était la bonne décision. Elle n'était pas en mesure de savoir ce qu'elle voulait.
- Ah… Et bien, en même temps, je n'allais pas… Profiter du fait que tu sois bourrée pour… Hum…
- C'est pour ça que je te remercie, me coupa-t-elle précipitamment.
- Pourtant, tu avais l'air déçue que je te repousse… lui dis-je remarquer.
- C'est parce que je l'étais.
Je fronçai les sourcils pour lui montrer que je ne comprenais pas et elle continua en regardant le mur face à elle :
- Hier soir, je voulais vraiment qu'on… Qu'on aille plus loin. Je n'arrivais pas à réfléchir et à raisonner, j'en avais juste envie. Mais comme je te l'ai dis au début, avant qu'il ne se passe quoique ce soit de plus, je voudrais que tu sois au courant de certaines choses à propos de moi. Et cette nuit, j'ai juste… Péter un câble ? Je ne sais pas… C'est le bazar dans ma tête depuis que je te connais. Je ne réfléchis plus quand je suis avec toi, ce qui m'arrive pour ainsi dire jamais d'habitude, mais avec toi, je fais juste ce que j'ai envie de faire, et ça m'arrive de plus en plus. Et ça me terrifie tellement, si tu savais.
Et bien ! Si je m'étais attendu à ça ! Cette fille était la plus honnête que je n'avais jamais rencontré. Même si parfois, la vérité pouvait faire mal, ça faisait du bien de l'entendre. Comme maintenant.
Elle m'avait balancé tout ça d'un seul coup, et ça dernière phrase avait été murmurée, comme si elle ne voulait pas que je l'entende. J'aimerais tant lui dire ce que je ressentais pour elle, mais c'était encore trop tôt. Pas maintenant.
J'avais dû avoir un petit moment d'absence puisqu'elle ajouta en fixant mes yeux bleus :
- Désolée, je… Je n'aurais pas dû te dire tout ça, c'est sortit tout seul je ne sais pas ce qui m'a pr…
- Non non, ça va. J'ai seulement été un peu surpris. Je n'ai pas l'habitude à tant d'honnêteté. Et pour répondre à ce que tu m'as dis…
Je me penchai au vers elle, le sourire aux lèvres, pour lui murmurer à l'oreille.
- Moi non plus je n'arrive plus à réfléchir quand tu es à mes côtés…
Je l'embrassai tendrement dans le cou et m'y attardai quelques instants, puis je descendis jusqu'à sa clavicule en laissant quelques baisers mouillés. J'entendis un petit gémissement, à peine audible, sortir de ses lèvres. Était-ce parce qu'elle était surprise ? Je m'éloignai pour la regarder. Non. Ce n'était pas de la surprise ! Elle était toute rouge et n'osait plus me regarder. Je lui soulevait la tête en souriant pour qu'elle me regarde.
- Pard…
Je ne l'ai pas laissé finir sa phrase et l'ai embrassée.
- Que je ne t'entende jamais t'excuser pour ça, lui soufflai-je, avant de l'embrasser de nouveau sur la bouche, puis sur la joue, en revenant à son cou.
Sa respiration s'accélérait de plus en plus et ses doigts s'accrochèrent à mes cheveux.
J'avais tellement envie d'elle à cet instant que c'était difficile de me retenir de la toucher. De plus, savoir qu'elle aussi était sur le point de craquer ne faisait qu'augmenter le désir que j'avais envers elle. Elle me voulait presque autant que je la voulais mais je devais me contenir. Plus pour très longtemps, j'en avais l'impression.
Elle mit fin à cet instant délicieux en me repoussant doucement. Elle était tellement gênée qu'elle ne me regardait toujours pas. Je n'avais pas l'intention de me moquer, mais ça me faisait rire de la voir rougir pour rien. Enfin… C'était un peu plus que rien, je devais l'admettre.
- Tu as bientôt finis de te foutre de ma gueule ? se renfrogna-t-elle en tournant la tête vers la cuisine pour que je ne la vois pas.
- Oui, c'est bon, souris-je en l'embrassant rapidement sur la joue.
- C'est pas trop tôt… marmonna-t-elle.
Je passai mon bras sur ses épaules pour l'attirer près de moi. Elle se fit un peu réticente, mais céda tout de même en voyant mon insistance.
- Bon sinon, dis-je pour changer de sujet. À propos de Mylène hier soir, tu ne l'as pas cru j'espère ?
Elle releva la tête pour croiser mon regard.
- À propos de ce que vous avez fait ensemble pendant que je n'étais pas là ?
Oh non ! Elle la croyait… Alors que je n'avais rien fait avec elle, ni avec personne d'ailleurs. J'étais beaucoup trop occupé à réfléchir à un moyen de retrouver Jess pour aller voir d'autres filles.
- Je n'ai rien fais avec elle. Elle t'as raconté des conneries, je te promet.
- Et comment je pourrais en être sûre ? me défia-t-elle. Tu m'as dit toi-même que tu aimais bien t'amuser, et elle aussi apparemment.
Jess se cala contre moi et fixa la télévision, sans grande conviction.
- Plus maintenant, Bébé. Je n'ai été avec personne depuis que je t'ai rencontrée. Et même quand on n'était plus ensemble je ne suis pas retourné vers Mylène ou vers quelqu'un d'autre. Crois moi s'il te plaît.
- Tu fais ce que tu veux, répondit-elle avec nonchalence.
- Quoi ?
Je la repoussai un peu pour voir son visage.
- Tu fais ce que tu veux, répéta-t-elle.
Donc j'avais bien entendu. Je ne voyais pas où elle voulait en venir et voyant mon incompréhension, elle ajouta :
- On n'était plus ensemble, donc tu pouvais faire ce que tu voulais.
- Oui mais j'ai rien fais avec elle ! me défendis-je.
- Je m'en fiche Flo. Je ne t'en veux pas.
Elle voulu regarder à nouveau l'écran mais je l'en empêchai en prenant son visage dans mes mains.
- Peut-être mais j'ai besoin que tu me crois. Je ne veux pas que tu continues de penser que je vais voir ailleurs quand on s'engueule.
On se regarda pendant des secondes interminables et elle ne disait toujours rien.
- S'il te plaît.
- D'accord, a-t-elle répondu en se blottissant contre moi, et je l'ai serrée très fort dans mes bras.
- Je ne veux que toi Jess, murmurai-je désespèrement
- Tu m'étouffes, marmonna-t-elle, me faisant sourire.
Elle essaya de se dégager mais je resserrai ma prise.