Chapter 66
2124mots
2022-10-21 04:29
66
- Ça y est, je peux manger ? lui demandai-je en m'asseyant à ma place.
- Oui tu peux, me sourit-elle.

- Trop aimable. C'est très bon ! dis-je en prenant une bouchée.
- Merci.
On parla de notre journée respective, tout en mangeant. C'était impressionnant comme on s'était très vite habitué tout les deux. Ça ne faisait que quatre mois qu'on était ensemble et j'avais l'impression de la connaitre déjà par cœur, même si en même temps j'avais encore beaucoup à apprendre d'elle. Elle n'avait pas vraiment changée depuis qu'on est ensemble, mis à part qu'elle était beaucoup plus entreprenante avec moi. Ce que j'adorais tout particulièrement ! Une autre chose que j'appréciais aussi c'était qu'elle ne faisait toujours pas confiance à ceux qu'elle ne connaissait pas. En soirée, elle ne parlait presque à personne. Les problèmes de jalousie – mis à part avec mon meilleur ami – étaient plutôt rare.
- Tu me fais un massage dès qu'on a finit ? lui demandai-je en faisant la vaisselle.
- Tu reprends le travail et tu es déjà fatigué ? rit-elle.
- S'il te plaît…

Je lui fis mon petit regard de chien battu pour qu'elle accepte.
- Bon d'accord…
- Merci ! m'exclamai-je comme un gamin en l'embrassa sur la joue. Je t'aime !
- C'est ça, marmonna-t-elle. Tu m'aimes quand ça t'arrange…

- Mais non voyons !
On termina la vaisselle rapidement et je m'allongeai dans le lit sur le ventre. Comme je n'avais pas d'huile de massage, elle prit une simple crème. Pas idéal, mais mieux que rien. Elle s'est assise sur moi et a commencé à appliquer une bonne couche de crème. Je fermai les yeux et me délectai de cet instant. Ses mains sur moi étaient si parfaites, et ça me détendait plus que je n'aurais pu imaginer. Il fallait quand même que je lui parle. Je profitai de ce moment pour lui dire ce qui me trottait dans la tête depuis ce week-end. J'espérais seulement qu'elle n'allait pas trop mal le prendre.
- Jess ?
- Oui ?
- Vendredi soir, Cam m'a embrassé, avouai-je sans détour.
Ses mains s'arrêtèrent nette.
- Mais je l'ai immédiatement repoussée. Tu peux continuer à me masser ?
- Tu sais, tu ne devrais pas aborder ce genre de sujet quand tu es dans un état de vulnérabilité totale. Continue ton histoire plus que passionnante.
Elle n'avait pas tort ! Le ton de sa voix était assez sec et cassant mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Si ça aurait été elle qui m'aurait dit qu'un mec l'avais embrassée, je serais déjà en prison pour homicide volontaire ! Elle reprit le mouvement et je continuai mon histoire plus que passionnante, ses gestes étant un peu plus durs qu'il y a quelques secondes.
- J'étais bourré et je suis allé me rafraichir dans la salle de bain. Elle y était déjà quand je suis arrivé. Elle m'a embrassé mais je l'ai repoussée tout de suite. En fait, ce n'était pas vraiment un baiser. Elle a juste eu le temps de frôler mes lèvres.
Ses doigts se sont crispés sur mon dos. Si elle remontait un peu, c'était ma nuque. Il se pourrait que je finisse étranglé…
- C'est vraiment une…
- Salope ? la coupai-je. Je suis tout à fait d'accord.
- Et après, il s'est passé quoi ?
- Ne t'arrête pas s'il te plaît.
- Mais il y a plus de crème.
- Et bien remets-en.
Elle fit ce que je lui dis en soufflant et je continuai :
- Après que je l'ai repoussée, elle a essayé de me toucher. Je l'ai envoyée chier et je suis allé dormir dans ma voiture. Pendant que toi tu dormais avec mon meilleur ami, ajoutai-je en grognant.
- D'accord, répondit-il simplement en oubliant volontaire ma dernière phrase.
Elle faisait tout pour se contenir mais je sentais qu'elle était énervée.
- Ce n'était pas important mais je voulais que tu le sache.
- Merci. Dès que je la vois, je la frappe elle aussi. À toi maintenant ! me dit-elle en descendant.
- À moi quoi ?
- De me faire un massage.
Elle s'est assise à côté de moi et m'a fait un grand sourire.
- Oh non… Je suis fatigué moi !
- Je m'en fiche ! Et puis, c'est pour te faire pardonner pour ce que tu viens de me dire. Tiens.
Comme je ne prenais pas la crème qu'elle me tendait elle me jeta un regard noir.
- Tu me dois bien ça !
- T'es chiante, me résignai-je. C'était mon idée !
- Et alors ?
Elle enleva son tee-shirt et son soutien-gorge, et s'allongea sur le ventre en souriant et je me suis assis sur elle. Je fis couler de la crème sur mes mains et commençai le massage, en passant sur son tatouage et ses petites cicatrices rondes. Je pouvais sentir ses muscles se décontracter au fur et à mesure que mes doigts les touchaient.
Comment j'avais pu l'ignorer tout le week-end ! Ne pas lui parler, ni la toucher. Devoir la regarder seulement quand elle ne le faisait pas, et qu'elle ne me voyait pas. Me retenir de ne pas embrasser chaque centimètre de sa peau. J'avais dû faire preuve de beaucoup de sang-froid pour ne pas lui sauter dessus dans la nuit ! Mais ma très très longue et interminable patience avait finie par payer puisque c'était elle qui était venue me voir. Même si à ce moment là elle m'énervait encore énormément, sentir ses lèvres dans mon cou m'avait totalement fait lâcher prise.
En plus, elle avait osé passer la soirée avec Thibault ! À rigoler avec lui, manger avec lui, jouer à la Xbox avec lui, et tout simplement parler avec lui, et pas avec moi. C'était de la jalousie pure et simple, oui. Mais ça m'avait toujours un peu dérangé qu'elle soit comme ça avec lui. Mais heureusement que ce n'était qu'avec lui, et qu'il sortait avec ma cousine parce que je ne l'aurais pas supporté longtemps !
Je terminai mon massage, et une fois que sa peau s'était imprégnée de la totalité de la crème, j'ai posé mes lèvres sur sa nuque. Il y avait un arrière goût pas très agréable à cause du massage mais tant pis, je ferai avec. Je passai mes mains le long de ses bras pour entrelacer mes doigts aux siens. Sa respiration commençait déjà à s'accélérer et des frissons à apparaitre, pendant que ma langue continuait tranquillement son chemin dans le cou de Jess. Même si je l'avais en quelques sortes, retrouvée cette nuit, j'avais terriblement besoin d'elle.
- Tu ne peux pas faire quelque chose sans avoir d'arrières pensées, n'est-ce pas ?
Je sentais à sa voix qu'elle souriait.
- Quand il s'agit de toi, jamais.
Comme tout les matins, le réveil de Jess sonna alors que le soleil n'était pas encore levé, et elle quitta le lit, me laissant seul. Je sentis ses lèvres sur ma joue et elle sortit de la chambre, tandis que moi je me rendormis pour finir ma nuit.
Mon réveil sonna deux heures plus tard et j'ai enduré une journée identique à hier. Le soir, Jess était sur le canapé, assise en tailleur et semblait m'attendre. Elle se leva dès que je fermai la porte.
- C'est prêt, me dit-elle assez froidement.
- Bonjour à toi aussi, lui souris-je.
Elle me fit un rapide baiser et se mit à table. Elle me servit, se servit et commença à manger.
- Ça va ? lui demandai-je avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
- Oui pourquoi ?
- Je ne sais pas. T'es bizarre.
- Mais non, me sourit-elle. Mange.
Son sourire était forcé, je le voyais.
Il y avais quelque chose qui clochait. Mais je ne savais pas quoi. Je mangeai quelques bouchées en silence, quand Jess posa ses couverts et me regarda :
- Je voudrais t'apprendre à te battre.
Elle était sérieuse là ? Je posai mes couverts et la fixai.
- Tu sais que c'est totalement dénigrant d'entendre sa copine dire ça ?
- Ouais je sais. Désolée, s'excusa-t-elle en baissant la tête.
- Ma virilité vient de se prendre une grande porte dans la gueule là.
- Je voulais te le dire depuis quelques temps déjà…
- Pourquoi maintenant ?
- Parce que j'ai attendu trop longtemps.
Je commençais à voir où elle voulait en venir.
- Si c'est par rapport à ton cauchemar, ils ne reviendront pas te chercher Jess, soufflai-je.
- Tu n'en sais rien.
- Et toi, tu le sais ? Est-ce que en trois ans ils ont essayés de venir te chercher juste une seule fois ? lui demandai-je en haussant un peu la voix.
- Non mais…
- Alors pourquoi ils viendraient maintenant ? Réfléchis une seconde Jess ! C'est complètement stupide et insensé ! criai-je.
- Je ne sais pas Flo ! Je ne sais pas… Mais je sais qu'ils le feront.
- C'est n'importe quoi ! Arrête un peu tes conneries.
Je soufflai de lassitude et pris ma tête dans mes mains. Ma journée avait été longue et on avait déjà eu ce genre de discussion à propos de cette peur. Je ne savais pas pourquoi elle s'obstinait à penser qu'ils reviendraient. Pourquoi ils auraient attendu trois ans s'ils la voulaient à tout prix ? Toutefois, je me sentais mal de lui avoir parlé comme ça. Surtout quand j'ai vu dans ses yeux que je l'avais profondément blessée. Elle avait peur, je n'avais pas le droit de lui parler comme ça.
Jess se leva pour contourner le bar, passa derrière moi et déposa son assiette dans l'évier. J'attrapai doucement sa main quand elle repassa mais elle se dégagea violemment.
- Non, c'est bon ! Tu sais quoi ? Tu as raison ! Tout ça, ce ne sont que des conneries ! Je le sais, je ne suis qu'une stupide gamine qui passe son temps à avoir peur à longueur de journée ! Mais je n'y peux rien, c'est comme ça ! Maintenant, si tu veux bien, je voudrais aller me coucher pour avoir peut-être l'occasion de me battre avec mon oreiller pendant la nuit étant donné que je ne suis qu'une grande trouillarde de première. Bonne nuit Flo.
J'entendis la porte de la chambre claquer. Et merde… Jess ne criait jamais, et pourtant c'est ce qu'elle avait fait. J'y était peut-être allé un peu fort. Mais je ne comprenais pas sa réaction excessive. On avait déjà eu cette discussion et jamais elle ne s'était emportée comme elle venait de le faire. Je ne savais pas pourquoi elle était autant sur la défensive ce soir.
Je ne savais pas ce que j'étais censé faire. Si j'y allais maintenant, elle allait m'envoyer chier, mais si j'attendais, j'allais culpabiliser. Putain, je ne savais plus quoi faire…
Je regardai mon assiette et jetai ce qu'elle contenait. Tout ça m'avait coupé l'appétit. C'était bien la première fois que ça m'arrivait…
Ça faisait maintenant presque une heure que je tournais en rond dans le salon et je me suis décidé à aller la voir, tant pis si je perdais un bras ou un jambe. Ou même ma tête. J'allais m'y risquer. Je ne voulais pas la laisser se morfondre comme ça à cause de moi. Les lumières étaient éteintes et elle était couchée sous la couverture, de son côté et dos au mien. Elle avait tout prévu. Elle n'était quand même pas en train de dormir, si ? Je refermai doucement la porte derrière moi.
- Laisse-moi.
Elle ne dormair donc pas et elle était très énervée. Je crois que ça va être très compliqué de la raisonner… J'enlevai mon tee-shirt et mon pantalon et me glissai près d'elle.
- Je t'ai dis de dégager.
Je m'approchai d'elle et à peine avais-je levé ma main avec l'intention de la poser sur sa taille, qu'elle me coupa dans mon élan.
- Ne t'avise même pas de me toucher.
- Sinon quoi ? lui demandai-je en la serrant contre moi, ma main autour de sa taille.
- Je te déteste.
Ces trois mots me firent l'effet d'un coup de couteau dans le cœur.
- Et moi je te demande pardon.
- Je m'en fous.
Le couteau s'est enlevé pour replonger encore plus profondément dans ma chaire.
- Ce n'est pas vrai. Écoute, j'ai fais le con et je suis désolé. Je sais que ça te fait peur et je voulais pas me moquer de toi. C'était pas mon intention et ça ne l'a jamais été. Je te le promet.
- Tu dis ce que tu veux, je m'en fiche.
- C'est faux. Si t'en avais rien à foutre tu ne serais pas partie.