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Il m'a dit ça en boudant, comme un enfant de huit ans, ce qui me fis rire.
Il continua de faire la tête pendant quelques secondes, puis il s'approcha de moi et m'embrassa longuement.
- Je vois que tu ne m'en veux plus, lui murmurai-je en souriant.
- Si, mais j'aime trop t'embrasser.
On discuta encore quelques temps quand la porte d'entrée s'ouvrit. Je regardai l'horloge sur le mur d'en face. Dix-neuf heures ? Déjà ? Je n'avais pas fais attention et du coup, j'étais dans la merde.
- Salut Jessie ! cria la voix de Fabien depuis l'entrée.
Je me levai d'un bond pour le rejoindre.
- Salut. Tu… Tu n'étais pas avec maman ?
- Si mais j'en avais marre. Ses amis sont chiants tu sais. Elle reste manger là-bas avec Kelly.
- Oui je sais, elle m'a prévenue.
J'espérais qu'il allait aller directement dans sa chambre sans passer par le salon, comme ça, je pourrais faire sortir Flo. Oui, c'était un peu puéril de ma part, mais tant pis.
- C'était bien ton week-end ? me demanda-t-il en entrant dans le salon.
Il s'arrêta en voyant Flo debout devant lui.
- Salut, lui dit mon frère en lui tendant une main que Flo serra. Tu es un ami de Jessie ?
- Salut. Euh… Ouais.
Je savais que Flo me regardait mais je n'osais pas croiser son regard.
- Flo allait partir Fabien.
- Non, je n'ai pas finis mon café.
J'allais l'étrangler. Il se rassit sur le canapé et me fit un sourire arrogant que j'avais envie d'arracher. Il porta sa tasse à ses lèvres et Fabien s'installa à son tour en ne lâchant pas Flo des yeux. Génial, la situation dont je rêvais.
Un silence pesant s'installa quelques instants avant que je ne le brise :
- Fabien ?
Le regard des deux garçons se posèrent sur moi, et je ne savais plus où me mettre.
- Ouais, quoi ?
- Flo est… C'est pas seulement mon ami. C'est mon… Copain, bafouillai-je.
- Ton copain ? Lui ? s'exclama mon frère.
- Oui.
- Tu n'es pas sérieuse ? Il a au moins vingt-cinq ans !
Fabien était en train de péter un câble, exactement comme je l'avais imaginé.
- Hé ! Je suis pas aussi vieux que ça ! s'indigna Flo.
- Flo, s'il te plaît, l'arrêtai-je.
- Tu es avec lui depuis quand ?
J'ai sentis qu'il était en colère. Fabien m'a toujours protégée contre tout le monde et ça le mettait hors de lui d'avoir laissé passer ça.
- Ça fait deux semaines.
- Et tu me le dis seulement maintenant ?
- Fabi…
- Attends, ne me dis pas que tu étais chez lui ce week-end ?
- Si.
Il se me debout et me hurla dessus.
- Mais ça ne va pas non ! Tu le connais depuis quand ce mec ? Non attends, je m'en fiche. Je me fiche d'où il sort. Qu'est-ce qu'il sait de toi ?
Je me suis levée à mon tour.
- Il ne sait rien de moi. Et je t'interdis de parler de lui comme ça, tu ne le connais pas !
Je hurlais moi aussi maintenant.
- Mais toi non plus tu ne le connais pas !
- Si je…
- Non ! Est-ce que tu es naïve à ce point ? Tu crois vraiment qu'il tient à toi ? Et à ton avis, il restera vers toi quand il te connaîtra ? Tout ce qu'il veut, c'est te mettre dans son lit, Jessie !
Flo se leva et je me mis entre les deux. Je regardai Flo et l'implorai du regard de ne rien faire. Il acquiesça. Je me tournai vers mon frère et le gifla. C'était la première fois que je frappai mon frère. Volontairement. Ça m'a fait mal au cœur mais il n'avait pas le droit de m'insulter comme il l'avait fait. J'ai vu sa peine dans ses yeux et je me suis détestée plus que tout à ce moment là. Une fois de plus aujourd'hui, mes larmes ont coulé.
- Tu vas trop loin ! pleurai-je. Tu ne pourras pas me protéger indéfiniment Fabien. Tu me connais, et tu sais que je ne fais pas confiance facilement. Je ne suis pas aussi stupide que tu le pense et je sais ce que je fais. Je t'ai fais confiance. Pas seulement parce que tu es mon frère. A ton tour de croire en moi. S'il te plaît Fabien…
Je ne l'avais jamais vu aussi en colère. Ses poings se crispèrent et son regard haineux passa de moi à Flo. Il pointa son doigt vers lui :
- Si j'apprends un jour, par n'importe quel moyen que tu lui as fais du mal, que tu as osé poser la main sur elle, d'une quelconque façon tu le regretteras amèrement tout le restant de ta vie. La moindre larme qu'elle versera pour toi, je te le rendrai en trois fois pire. Et je tiens toujours mes promesses. Comme la promesse que je lui ai faite de toujours veiller sur elle.
Après l'embrouille avec le frère de Jess, ce dernier est sortit de l'appartement. J'ai voulu prendre Jess dans mes bras, mais elle m'a repoussé et on s'est engueulé à propos de son frère. D'après elle, ce serait de ma faute si elle s'était pris la tête avec Fabien. D'un côté, elle n'avait pas tout à fait tort. C'est moi qui l'avait poussée, en quelques sortes, à le dire à sa famille et voilà ce que ça avait donné.
J'avais l'impression de toujours prendre la mauvaise décision avec elle. Je ne faisais que la faire pleurer. Peut-être serait-elle mieux sans moi ? Peut-être alors, arrêterait-elle de verser des larmes. Elle m'avait dit qu'elle n'avait pas besoin de moi, et ce soir ma prouvé que que je n'avais fais qu'envenimer les choses. Mais l'égoïste que j'étais n'avait pas la force de l'abandonner. Je pense sincèrement qu'elle a besoin de moi, plus que je n'ai besoin d'elle.
J'ai voulu rester un peu plus longtemps avec elle mais elle m'a mis à la porte. Je suis alors rentré chez moi à contrecœur et lui ai envoyé des messages. Des dizaines de messages dans la soirée. Je l'ai aussi appelée mais elle ne répondait pas. Je m'en voulais tellement. Elle avait l'air de si bien s'entendre avec son frère et j'ai tout fichu en l'air.
Je ne l'ai pas vue cette semaine. Soit disant elle avait beaucoup de travail. Je le savais qu'elle m'évitait, je n'étais pas stupide. J'avais fais une connerie et je le payais, voilà tout. Du coup, je lui parlais un peu par message, même si parler était un bien grand mot. Elle se contentait de réponses brèves pour que j'arrête de lui parler. Mais les messages étaient loin d'être suffisant. J'avais besoin de la toucher, de la prendre dans mes bras, de la voir et de l'embrasser. J'avais envie d'aller chez elle pour lui parler en face à face le soir, mais je ne l'ai pas fais. Je sais qu'elle m'en aurait voulu si je l'avais fais. Elle ne se serait même pas donné la peine de m'ouvrir, ou alors son frère m'aurait envoyé son poing dans la figure.
Elle m'a dit que son frère ne lui adressait presque plus la parole, mais qu'il n'avait rien dit à sa mère, à propos de moi.
Je suis allé la voir devant le lycée jeudi midi. C'était le seul jour où elle était obligée de sortir du lycée, puisque sa mère venait la chercher. Les autres jours, elle n'était pas sortie. Je le sais, je l'attendais. Tout les jours. Dans le froid, et même un jour, sous la pluie. Jamais je n'avais attendu une fille ne serait-ce que quelques minutes. Alors qu'elle, je l'attendais depuis des jours. Je lui avais envoyé des messages pour lui dire que je l'attendais devant la grille, mais à chaque fois, elle me répondait qu'elle n'avait pas le temps. Comme elle ne faisait que fuir, je devais la rattraper.
Je l'a vis sortir avec Mathilde, je suppose. J'allais m'approcher mais j'ai vu Fabien, juste devant l'entrée. Qu'est-ce qu'il faisait là ? C'était lui qui était venu la chercher ? Il serra ma copine dans ses bras et lui embrassa la joue. Ils marchèrent tout les deux, le bras du jeune homme sur les épaules de sa sœur. Ils se sont donc réconciliés. Pourquoi ça me fait si mal ? Est-ce que je serais… Jaloux de son frère ? La jalousie… Je ne connaissais pas ce sentiment, mais ça fait mal.
- Jess ! Attends ! criai-je en reprenant mes esprits avant qu'elle ne disparaisse dans la voiture de son frère.