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- Tu sacrifies tes potes pour une fille ?
- Ouais.
- Tu n'as qu'à venir avec elle, me proposa-t-il.
Je l'ai regardé en riant.
- C'est hors de question.
- Pourquoi ? insista-t-il.
- Parce que ça ne fait qu'une semaine que je suis avec elle et que ça serait le meilleur moyen pour la faire fuir. Ce que je ne veux pas, marmonnai-je.
Je détournai le regard et pris un autre sac. Thibault, lui restait immobile et je savais qu'il surveillait le moindre de mes mouvements.
- Flo ! Regarde moi maintenant ! m'ordonna-t-il.
- Quoi ? dis-je en lâchant le sac de ciment que j'étais en train de porter. Je te rappelle qu'on est censé travailler.
- Ne me dis pas que…
Et merde… Il a comprit. Je ne sais définitivement pas cacher mes sentiments. Ou alors, c'est seulement qu'il me connaissait trop bien.
- Ta gueule et bosse.
- Tu l'aimes ?
Je ne répondis pas et continuai de travailler. Il me prit par les épaules et me regarda, très sérieusement.
- Où est mon meilleur ami et qu'est-ce que vous avez fait de lui ?
- Ferme-là je t'ai dis.
- Alors j'ai raison ! s'exclama-t-il en explosant de rire.
Il commençait sérieusement à me gonfler. Qu'est-ce que ça peut lui faire ce que je ressens ou pas pour elle ? Je n'aurais jamais dû lui parler d'elle.
- Je suis content pour toi, mec. Pour de vrai. Mais je dois te dire que ça va me faire bizarre de voir mon meilleur pote sérieux, et avec une fille en plus ! Qu'est-ce qu'elle t'as fais ? dit-il en rigolant.
C'est la question que je me pose aussi, à laquelle je n'ai pas encore trouvé de réponse.
- Rien.
- Tu ne veux pas en parler ?
- Belle déduction mon gars. C'est que tu réfléchis de temps en temps ! lui fis-je remarquer ironiquement.
- Oh ça va !
C'est bon, il va enfin me lâcher.
- Mais elle a l'air vraiment timide quand même, non ?
Raté…
- Oui elle l'est. J'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à faire en sorte qu'elle veuille sortir avec moi. Alors si toi et les gars pourriez éviter de la faire fuir ça serait génial.
- Tu sais que je suis gentil moi. Et puis le peu que j'ai vu et entendu d'elle, je l'aime bien. C'est pour les gars que tu devrais t'inquiéter. Et pour tes ex. Surtout tes ex. Tes très très nombreuses ex. Qui sont d'ailleurs toutes…
- C'est bon ! le coupai-je brutalement. J'ai compris. Et je lui ai déjà dis.
Je lui passai un nouveau sac de ciment qu'il empila sur les autres dans le camion.
- Dis quoi ? Que tu étais un gros connard avec les filles ?
- Ouais. Après ton passage chez moi dimanche.
- Ah oui c'est vrai. Désolé, j'ai peut-être fais une gaffe…
- De toute façon j'allais lui dire un jour ou l'autre. Bon, maintenant on a assez discuté. Travailles.
- C'est ce qu'on est en train de faire. Tu te prends pour le chef ?
- Tout à fait.
On termina de charger le camion et je montai du côté passager. Il a conduit jusqu'à l'entrepôt où on a commencé à tout décharger.
- Une dernière question, dit-il en se postant devant les portes arrières du camion.
Je savais que cette question allait porter sur Jess et visiblement, il n'allait pas me laisser tranquille. Je le regardais en attendant qu'il me la pose et son sourire s'est élargit.
- Tu as couché avec elle ?
- Pousse-toi de là, il faut qu'on aie finit dans une heure.
- Ton air blasé me confirme que tu n'as rien fais avec elle malgré le fait qu'elle aie dormi chez toi. Pas vrai ?
C'était un vrai gamin et il n'allait pas lâcher l'affaire. Il continua :
- Tu t'accroches à cette fille depuis trois semaines et tu n'as toujours rien fais, alors je voudrais tout savoir.
Il était pire qu'une fille !
- Non je n'ai pas couché avec elle et je ne le ferai pas avant un certain temps je pense. Elle me l'a dit, elle ne veut rien de plus. Et avant que tu ne me poses la question – parce que je sais que tu le feras – je compte rester avec elle-même si je dois attendre. Ma réponse est-elle assez satisfaisante pour toi ?
- Plus que satisfaisante. Si je m'attendais à ça… marmonna-t-il en ouvrant les portes. Il faut vraiment que j'ai une discussion avec elle.
- Non ! En tout cas, pas sur ce sujet, le dissuadai-je.
Il rigola et on continua de travailler jusqu'à dix neuf heure, puis je suis rentré chez moi. A peine avais-je ouvert la porte que je souriais déjà. Elle était assise sur le canapé et faisait ses devoirs, sans doute.
Je lui avais apporté mes clés à midi, pour qu'elle puisse rentrer chez moi, étant donné qu'elle finissait les cours à dix-sept heures trente. Elle m'a dit que ça ne la dérangeait pas de m'attendre mais je ne voulais pas qu'elle reste pendant deux heures dehors toute seule. Je n'habitais qu'à une dizaine de minutes de son lycée, alors ça ne lui faisait pas trop de marche.
Elle portait un jean noir et un tee-shirt de la même couleur avec le symbole du groupe de musique Scorpion dessiné en rouge. Elle m'avait dit que c'était son groupe préféré donc j'avais écouté quelques unes de leurs musiques et ce n'était pas mal du tout. Même si ce n'était pas trop mon style de musique, je pourrais facilement m'y habituer. D'un côté, si je sors avec Jess, je ne vais pas avoir le choix ; la musique résonnait en ce moment dans la pièce. Elle avait relevé ses cheveux en chignon et portait ses lunettes. Elle doit s'attacher les cheveux seulement quand elle travaille parce qu'elle a toujours les cheveux lâchés d'habitude. Mais j'aime beaucoup. Ça lui va bien.
- Tu es toujours en train de travailler ma parole ! lui dis-je en rigolant.
- Bien obligée, me répondit-elle en posant son stylo.
Après avoir posé mes affaires, je me suis assis à côté d'elle et je l'ai embrassée rapidement.
- On commande une pizza ? Je ne veux pas faire à manger.
- Si tu veux.
- Appelle et prend ce que tu veux. Pour moi ça sera une quatre fromages s'il te plaît. Pendant ce temps là je vais à la douche.
Je lui fis mon sourire habituel et lui donnai mon portable.
- Pour quelle heure ?
- Le plus tôt possible. Je meurs de faim !
- Ça m'étonnait aussi… marmonna-t-elle avant que je ne ferme la porte de la salle de bain.
Quelques minutes plus tard, j'étais toujours sous la douche et j'entendis frapper à la porte.
- Flo ?
Je coupai l'eau puisque je n'entendais rien.
- Ouais ?
- Tu as deux appels manqués de Thibault et un message, m'informa-t-elle.
Je crois que n'importe quel autre fille aurait d'abord répondu aux appels et lu le message, mais pas Jess visiblement.
- De qui le message ?
- Tu veux que je regarde ?
Non non, devine le ça va le faire…
- Ben oui, rigolai-je.
Je sortis de la douche et commençai à m'essuyer. Si j'ouvre la porte maintenant, je crois qu'elle va faire un arrêt cardiaque.
- C'est Thibault.
- Il a dit quoi ?
Je craignais le pire.
- ' Je suis avec les gars et je leur ai dit que tu ne pouvais pas venir à la soirée donc ils ont décidé d'amener la soirée à toi mon gars. Petit veinard que tu es ! Enfin, juste un petit morceau de la soirée, je te rassure. Bref. Tu ne diras pas que je ne t'aurai pas prévenu ! '
- Putain ils ne vont jamais me lâcher ! m'exclamai-je en ouvrant la porte.
Jess releva la tête et sursauta, comme je m'y étais attendu. J'étais encore trempé et j'avais juste mis une serviette autour de ma taille. Je lui pris le portable des mains pour appeler Thibault et elle retourna sur le canapé sans me regarder. Je rigolais doucement et appelai mon ami.
- Thibault, dit leur n'importe quoi mais ne les fait pas venir, s'il te plait.
- J'ai déjà tout essayé. Et du coup, ils sont convaincu que tu leur caches quelque chose. Et que moi, je te couvre.
- Fait chier, marmonnai-je.
Moi qui voulait passer ma soirée avec Jess, c'était raté.
- Tu es avec qui ?
- Pat, Mylène et JB.